II

Par un autre berceau sa main nous sauve encore.

Le monde du bonheur n’ose entrevoir l’aurore,

Quoique Dieu des méchants ait puni les défis,

Et, troublant leurs conseils, dispersant leurs phalanges,

Nous ait donné l’un de ses anges,

Comme aux antiques jours il nous donna son Fils.

Tel, lorsqu’il sort vivant du gouffre de ténèbres,

Le prophète voit fuir les visions funèbres ;

La terre est sous ses pas, le jour luit à ses yeux ;
Mais lui, tout ébloui de la flamme éternelle,

Longtemps à sa vue infidèle

La lueur de l’enfer voile l’éclat des cieux.

Peuples, ne doutez pas ! chantez votre victoire.

Un sauveur naît, vêtu de puissance et de gloire ;

Il réunit le glaive et le sceptre en faisceau ;

Des leçons du malheur naîtront nos jours prospères,

Car de soixante rois, ses pères,

Les ombres sans cercueils veillent sur son berceau.

Son nom seul a calmé nos tempêtes civiles ;

Ainsi qu’un bouclier il a couvert les villes ;

La révolte et la haine ont déserté nos murs.

Tel du jeune lion, qui lui-même s’ignore,

Le premier cri, paisible encore,

Fait de l’antre royal fuir cent monstres impurs.

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