IV

Jeunes amis, dansez autour de cette enceinte ;

Mêlez vos pas joyeux, mêlez vos heureux chants ;

Henri, car sa bonté dans ses traits est empreinte,

Bénira vos transports touchants.

Près des vains monuments que des tyrans s’élèvent,

Qu’après de longs siècles achèvent

Les travaux d’un peuple opprimé,

Qu’il est beau, cet airain où d’un roi tutélaire

La France aime à revoir le geste populaire

Et le regard accoutumé !

Que le fier conquérant de la Perse avilie,

Las de léguer ses traits à de frêles métaux,

Menace, dans l’accès de sa vaste folie,

D’imposer sa forme à l’Athos ;

Qu’un Pharaon cruel, superbe en sa démence,

Couvre d’un obélisque immense

Le grand néant de son cercueil ;

Son nom meurt, et bientôt l’ombre des Pyramides

Pour l’étranger, perdu dans ces plaines arides,

Est le seul bienfait de l’orgueil.

Un jour (mais repoussons tout présage funeste !)

Si des ans ou du sort les coups encor vainqueurs

Brisaient de notre amour le monument modeste,

Henri, tu vivrais dans nos cœurs ;

Cependant que du Nil les montagnes altières,

Cachant cent royales poussières,

Du monde inutile fardeau,

Du temps et de la mort attestent le passage,

Et ne sont déjà plus, à l’œil ému du sage,

Que la ruine d’un tombeau.

Février 1819.