II

Ah ! si du moins, couché sur le char de la vie,

L’hymne de son triomphe et les cris de l’envie

Passaient sans troubler son sommeil !

S’il pouvait dans l’oubli préparer sa mémoire !

Ou, voilé de rayons, se cacher dans sa gloire,

Comme un ange dans le soleil !

Mais sans cesse il faut suivre, en la commune arène,

Le flot qui le repousse et le flot qui l’entraîne !

Les hommes troublent son chemin !

Sa voix grave se perd dans leurs vaines paroles,

Et leur fol orgueil mêle à leurs jouets frivoles

Le sceptre qui pèse à sa main !

Pourquoi traîner ce roi si loin de ses royaumes ?

Qu’importe à ce géant un cortège d’atomes ?

Fils du monde, c’est vous qu’il fuit.

Que fait à l’immortel votre éphémère empire ?

Sans les chants de sa voix, sans les sons de sa lyre,

N’avez-vous point assez de bruit ?

Share on Twitter Share on Facebook