Ah ! si du moins, couché sur le char de la vie,
L’hymne de son triomphe et les cris de l’envie
Passaient sans troubler son sommeil !
S’il pouvait dans l’oubli préparer sa mémoire !
Ou, voilé de rayons, se cacher dans sa gloire,
Comme un ange dans le soleil !
Mais sans cesse il faut suivre, en la commune arène,
Le flot qui le repousse et le flot qui l’entraîne !
Les hommes troublent son chemin !
Sa voix grave se perd dans leurs vaines paroles,
Et leur fol orgueil mêle à leurs jouets frivoles
Le sceptre qui pèse à sa main !
Pourquoi traîner ce roi si loin de ses royaumes ?
Qu’importe à ce géant un cortège d’atomes ?
Fils du monde, c’est vous qu’il fuit.
Que fait à l’immortel votre éphémère empire ?
Sans les chants de sa voix, sans les sons de sa lyre,
N’avez-vous point assez de bruit ?