Qu’une coupe vidée est amère ! et qu’un rêve,
Commencé dans l’ivresse, avec terreur s’achève !
Jeune, on livre à l’espoir sa crédule raison ;
Mais on frémit plus tard, quand l’âme est assouvie,
Hélas ! et qu’on revoit sa vie
De l’autre bord de l’horizon !
Ainsi, quand vous passez au pied d’un mont sublime,
Longtemps en conquérant vous admirez sa cime,
Et ses pics, que jamais les ans n’humilieront,
Ses forêts, vert manteau qui pend aux rocs sauvages,
Et ces couronnes de nuages
Qui s’amoncellent sur son front !
Montez donc, et tentez ces zones inconnues ! —
Vous croyiez fuir aux cieux… vous vous perdez aux nues !
Le mont change à vos yeux d’aspect et de tableaux ;
C’est un gouffre, obscurci de sapins centenaires,
Où les torrents et les tonnerres
Croisent des éclairs et des flots !