SCÈNE HUITIÈME.

LES MÊMES, UN ALCADE, DES ALGUAZILS.

DON CÉSAR, à l’alcade.

Vous allez consigner dans vos procès-verbaux...

DON SALLUSTE, montrant don César à l’alcade.

Que voici le fameux voleur Matalobos!

DON CÉSAR, stupéfait.

Comment!

DON SALLUSTE, à part.

Je gagne tout en gagnant vingt-quatre heures.

A l’alcade.

Cet homme ose en plein jour entrer dans les demeures.

Saisissez ce voleur.

Les alguazils saisissent don César au collet.

DON CÉSAR, furieux, à don Salluste.

Je suis votre valet,

Vous mentez hardiment!

L’ALCADE.

Qui donc nous appelait?

DON SALLUSTE.

C’est moi.

DON CÉSAR.

Pardieu! c’est fort!

L’ALCADE.

Paix! je crois qu’il raisonne.

DON CÉSAR.

Mais je suis don César de Bazan en personne!

DON SALLUSTE.

Don César?—Regardez son manteau, s’il vous plaît.

Vous trouverez Salluste écrit sous le collet.

C’est un manteau qu’il vient de me voler.

Les alguazils arrachent le manteau, l’alcade l’examine.

L’ALCADE.

C’est juste,

DON SALLUSTE.

Et le pourpoint qu’il porte...

DON CÉSAR, à part.

Oh! le damné Salluste!

DON SALLUSTE, continuant.

Il est au comte d’Albe auquel il fut volé...—

Montrant un écusson brodé sur le parement de la manche gauche.

Dont voici le blason!

DON CÉSAR, à part.

Il est ensorcelé!

L’ALCADE, examinant le blason.

Oui, les deux châteaux d’or...

DON SALLUSTE.

Et puis, les deux chaudières.

Enriquez et Gusman.

En se débattant, don César fait tomber quelques doublons de ses poches.

Don Salluste montre à l’alcade la façon dont elles sont remplies.

Sont-ce là les manières

Dont les honnêtes gens portent l’argent qu’ils ont?

L’ALCADE, hochant la tête.

Hum!

DON CÉSAR, à part.

Je suis pris!

Les alguazils le fouillent et lui prennent son argent.

UN ALGUAZIL, fouillant.

Voilà des papiers.

DON CÉSAR, à part.

Ils y sont!

Oh! pauvres billets doux sauvés dans mes traverses!

L’ALCADE, examinant les papiers.

Des lettres?... qu’est cela? d’écritures diverses...?

DON SALLUSTE, lui faisant remarquer les suscriptions.

Toutes au comte d’Albe!

L’ALCADE.

Oui.

DON CÉSAR.

Mais...

LES ALGUAZILS, lui liant les mains.

Pris! quel bonheur!

UN ALGUAZIL, entrant, à l’alcade.

Un homme est là qu’on vient d’assassiner, seigneur.

L’ALCADE.

Quel est l’assassin?

DON SALLUSTE, montrant don César.

Lui!

DON CÉSAR, à part.

Ce duel! quelle équipée!

DON SALLUSTE.

En entrant, il tenait à la main une épée.

La voilà.

L’ALCADE, examinant l’épée.

Du sang.—Bien.

A don César.

Allons, marche avec eux!

DON SALLUSTE, à don César que les alguazils emmènent.

Bonsoir, Matalobos.

DON CÉSAR, faisant un pas et le regardant fixement.

Vous êtes un fier gueux!

FIN DU QUATRIÈME ACTE.

ACTE CINQUIÈME.

LE TIGRE ET LE LION.

PERSONNAGES.

RUY BLAS. DON SALLUSTE DE BAZAN. LA REINE.

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