LA CONVENTION RHÉNANE

Malgré cet effort de Forster pour rester debout, la tristesse et le malaise croissaient et, quand, le 17 et le 18 décembre, le peuple des pays rhénans fut appelé à se prononcer au scrutin sur l’acceptation de la Constitution française, le nombre des votants fut très faible. Les commissaires de la Convention, Reubell, Haussmann et Merlin de Thionville, arrivés à Mayence le 1er janvier, ne réussirent guère à animer les courages. Et lorsque, le 24 février 1793, dans les églises de Mayence, de Worms, de Spire, etc., le scrutin s’ouvrit pour la nomination de la Convention nationale des pays rhénans, le nombre des abstentions fut énorme.

Les corporations bourgeoises s’excusaient en disant qu’il ne serait plus possible aux marchands d’aller aux foires de Francfort s’ils se prononçaient pour la France. Pourtant la Convention rhénane, réunie le 17 mars dans la grande salle de l’ordre teutonique, se risqua, malgré l’absence de plus de la moitié des députés, ou intimidés ou empêchés, à proclamer la rupture avec l’Empire allemand et l’incorporation avec la France. Mais cette décision, qui n’aurait valu que par l’enthousiasme et la ferveur, était pesante et morne. Aucun ressort d’espérance révolutionnaire ne la soutenait et de sombres pressentiments accablaient les âmes. Bientôt Mayence sera investie. Et des bourgeois forcenés de haine, accourus de loin, s’empresseront autour de la pauvre ville ravagée et incendiée par les boulets, et suivront avec une joie féroce l’agonie de la cité qui accueillit la Révolution.

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