GENTRY ET MANUFACTURIERS

Aussi bien, la scission des deux grandes classes de possédants anglais, de la classe foncière à la classe industrielle, qui permettra au prolétariat anglais du XIXe siècle d’agir sur la législation du pays, ne s’est pas encore produite. Cette scission est en germe dans les théories d’Adam Smith ; car, le jour où la classe industrielle, rompant avec le système de réglementation et de monopole, réclamera l’entière liberté commerciale pour reconquérir le marché du monde et faire de l’Angleterre l’entrepôt universel, elle se heurtera à la résistance de la grande propriété foncière.

Mais, en 1789, l’accord politique conclu depuis la Révolution de 1688 entre la nouvelle aristocratie foncière et la grande bourgeoisie d’affaires subsiste encore. Les grands commerçants, les grands industriels soutiennent le régime du monopole colonial et de la protection douanière comme les grands propriétaires fonciers.

En même temps que l’accord politique, l’équilibre social se maintient entre les deux grandes classes de possédants : la grande propriété foncière s’accroît par la ruine de la peasantry, comme la grande propriété industrielle s’accroît par le développement du système des manufactures et par l’élargissement constant des débouchés. Pourtant, il est visible déjà, à bien des symptômes, que l’axe de la richesse et de la puissance économique se déplace peu à peu au profit de l’industrie, et la classe industrielle commence à trouver qu’elle n’a pas dans la Constitution anglaise une part d’influence politique proportionnée à sa puissance sociale. Elle commence notamment à réclamer une réforme de la loi électorale. Mais c’est un mouvement lent et une prétention mesurée.

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