LE SUCCÈS DU LIVRE DE GODWIN

Ce livre parut, pendant quelque temps, répondre pleinement à ce que j’en pouvais attendre de plus favorable, je ne puis me plaindre qu’il soit tombé de la presse comme un enfant mort-né et qu’il n’ait pas éveillé une grande curiosité chez mes concitoyens. Je n’avais pas la faiblesse de supposer qu’il balaierait immédiatement toute erreur devant lui, comme un flux puissant des vagues de l’Océan ; je saluai l’opposition qu’il rencontra, directe ou indirecte, d’arguments ou de facéties, comme un symptôme non équivoque du résultat que je désirais si passionnément. »

Et Maintenant que la réaction est venue, maintenant que l’économie capitaliste triomphe, maintenant que le silence et l’oubli se font sur ce qu’on appelle, dit amèrement Godwin, les « spéculations visionnaires » de la grande époque créatrice, Godwin semble leur jeter, avant de mourir, un regard d’adieu. Il ne les mêlera pas à son livre sur la population, qui a un objet distinct ; mais il leur réserve, au plus profond de son âme et de sa pensée, une place de prédilection.

« Je me suis à peine permis, dit-il, de rappeler les belles visions (si toutefois elles doivent s’appeler des visions) qui enchantaient mon âme et animaient ma plume quand j’écrivais cet ouvrage (the beautiful visions which enchanted my soul and animated my pen). »

Comme de l’Océan chauffé par le soleil montent des nuées d’or, de la vaste et chaude Révolution mouvante les premiers rêves socialistes montaient. Rêves féconds comme la nuée qui va au loin susciter la vie !

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