LXXIX Magdeleine à Stephen

Je ne vous le cacherai pas, monsieur Stephen, votre lettre m’a émue, elle m’a fait pleurer. Un moment j’ai regretté les illusions que j’ai perdues et qu’elle faisait revivre, ou plutôt dont elle faisait apparaître l’ombre ; car elles sont mortes, bien mortes : ce n’est qu’un rêve, et, comme moi, vous vous réveillerez.

Mais le peu de durée qu’a eu pour moi cette émotion et le triomphe presque subit de ma raison m’ont montré évidemment que ma raison est bonne et solide, et que, pour vous et pour moi, il faut la maintenir.

L’amour est une fièvre, une maladie, et je suis guérie. Vous guérirez aussi, mais il faut le vouloir.

Adieu, monsieur Stephen ; tant que vous m’aimerez, il faut que nous restions étrangers l’un à l’autre : je vais avoir à remplir des devoirs qui m’en font une loi.

Néanmoins, je ferai toujours des vœux pour votre bonheur.

Une partie du mien dépend de vous : m’accorderez-vous ce que j’ai à vous demander ?

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