XXXVII Stephen à Madeleine

Je pars, Magdeleine ! enfin le sort se déclare en notre faveur : j’ai une place, une petite place ; les émoluments sont très-modiques, mais dans huit mois on m’a promis d’une manière certaine que j’en aurais une beaucoup plus avantageuse dont les honoraires s’élèveront à quinze cents florins.

Dans huit mois je te conduirai à l’église ! Cette place, je l’obtiendrai, car il ne faut pour l’obtenir que du zèle et du travail, et mes forces sont plus qu’humaines.

Je suis tout étourdi de bonheur ; ce matin, le vieux professeur, qui depuis si longtemps me disait chaque jour : « Je n’ai encore rien pour vous, » m’a dit du même ton dont il donnait la mauvaise nouvelle : « J’ai votre affaire, mais il faut partir demain matin. »

Vois-tu, Magdeleine, il ne faut qu’avoir fait le premier pas dans les emplois de l’Université et ensuite on gagne des grades. C’est une chose certaine, et moi qui ne croyais pas au bonheur ! Va revoir les endroits où je t’ai dit adieu, les endroits que je t’ai laissés si tristes, va les revoir, ils ne te diront rien que d’heureux ; je les reverrai, j’y reviendrai ; j’y reviendrai pour les revoir avec toi, pour ne plus te quitter ; espère ; notre avenir est dégagé des sombres vapeurs qui l’obscurcissaient.

Je me rapproche de toi, treize lieues seulement nous sépareront, je ne serai qu’à trois lieues de là qu’habite ma famille et aussi ton amie Suzanne ; ce voyage va être heureux, je me rapproche de toi et j’ai dans les mains notre avenir. Adieu, il faut que je fasse ma valise ; je voudrais être parti et arrivé.

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