XX

Cependant ils se levèrent et nous suivirent tous en descendant lentement les degrés de la côte ; mais on voyait que l’aspect de la mer et le son des lames leur faisaient mal. Je n’essayerai pas de décrire la surprise et la joie de ces pauvres gens quand, du haut du dernier palier de la rampe, ils aperçurent la belle embarcation neuve, brillante au soleil et tirée à sec sur le sable à côté des débris de l’ancienne, et que mon ami leur dit : « Elle est à vous ! » Ils tombèrent tous comme foudroyés de la même joie à genoux, chacun sur le degré où il se trouvait, pour remercier Dieu, avant de trouver des paroles pour nous remercier nous-mêmes. Mais leur bonheur nous remerciait assez.

Ils se relevèrent à la voix de mon ami qui les appelait. Ils coururent sur ses pas vers la barque. Ils en firent d’abord à distance et respectueusement le tour, comme s’ils eussent craint qu’elle n’eût quelque chose de fantastique et qu’elle ne s’évanouît comme un prodige. Puis ils s’en approchèrent de plus près, puis ils la touchèrent en portant ensuite à leur front et à leurs lèvres la main qui l’avait touchée. Enfin ils poussèrent des exclamations d’admiration et de joie, et, se prenant les mains en chaîne, depuis la vieille femme jusqu’aux petits enfants, ils dansèrent autour de la coque.

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