On s'attendait à en voir descendre quelque grand personnage asiatique. Mais non, c'est une tête européenne, très pâle, qui se soulève sur le hamac à franges bleues ; la voix, absolument française, a cette lenteur douce, un peu onctueuse, des gens d'église ; l'homme est vêtu d'une soutane violette ; l'anneau pastoral brille à son doigt, et il tend d'abord sa main, pour recevoir un baiser qu'on ne lui donne pas.
– Monsieur, je suis l'évêque missionnaire de Hué. J'accompagne les parlementaires. Voulez-vous recevoir le ministre du roi ?
En même temps, le bras d'un des invisibles personnages entr'ouvre les rideaux du second palanquin et présente une lettre dont l'adresse est mise en français d'une écriture très courante (celle de l'évêque sans doute) :
« A Monsieur le Commissaire général civil, ou, en son absence, à Monsieur le Contre-Amiral commandant en chef. »
Assurance est donnée à monseigneur qu'il sera traité avec les plus grands égards, lui et les personnes qu'il accompagne. Mais il est prévenu, en même temps, que les lois de la guerre, et celles aussi de la plus simple prudence, obligent à le conduire au fort sous escorte armée ; il y sera gardé courtoisement jusqu'au retour du sous-officier qui va aller là-bas, au quartier général (fort du Sud), porter la lettre parlementaire et prendre les ordres supérieurs.
Alors une bande de matelots vient, sur un signe, envelopper l'ambassade entière, et le cortège, reprenant sa marche à la lueur des torches, se met à gravir, dans un silence de mort, la pente raide des sables.
Ces torches, de temps en temps, éclairent quelques cadavres effondrés, les mains en l'air, en travers du chemin, ou bien quelque mourant qui se met à pousser son râle horrible, à tue-tête, en tendant ses bras vers les gens de cour. Mais ceux-ci passent sans oser se retourner, tremblants et hébétés par la peur.
On s'arrête en haut dans le petit campement de l'Atalante.
Alors tous les parasols dorés s'abaissent et les porteurs s'accroupissent. Les rideaux des palanquins s'agitent comme pour s'ouvrir ; les invisibles personnages vont paraître ; et les matelots, curieux de leurs figures, font cercle, attisent les bambous pour mieux voir.
D'abord, monseigneur, qui met pied à terre péniblement, l'attitude affaissée. Son vicaire descend après lui. – Et enfin, les deux personnages d'Annam, ministre et secrétaire d'Etat.
Ils tremblent très visiblement, ceux-ci et se serrent contre l'évêque.
Ils sont vêtus, avec une extrême simplicité, de tuniques à la chinoise, uniment noires, fermées par des brandebourgs et des boutons de jaspe rose ; ils portent petite barbiche rare et pointue, comme Attila ; et leurs longs cheveux de femme sont relevés négligemment sur la nuque en un chignon à l'antique. L'un et l'autre parfaitement distingués d'ailleurs, dans toute leur personne ; des figures fines et des mains petites de patricien, avec des ongles invraisemblables, effilés en griffes.
Le ministre s'appuie sur l'épaule d'un courtisan étrange, de sexe ambigu, qui s'est précipité pour l'aider à descendre : vêtu de noir comme son maître, les cheveux partagés au milieu en deux nattes très longues, la taille mince et svelte, la figure efféminée et jolie. On dirait d'abord une jeune fille en costume d'homme. Mais c'est un jeune garçon, paraît-il.
Alors on songe à ces « enfants asiatiques » que les raffinés du Bas-Empire latin faisaient venir à grands frais et attachaient à leur personne comme choses de mode et de luxe. Sans doute cet Extrême Orient immobilisé, si vieux avant notre ère, n'a pas changé depuis l'époque romaine.
Les boys de Saïgon, qui sont eux aussi des « enfants asiatiques », seraient très utiles en ce moment pour improviser, faire sortir de terre, un souper présentable à l'ambassade qui semble épuisée par les émotions et le voyage. Mais ils ne sont plus là. Ils ont été expulsés du campement des matelots à la tombée de la nuit, par mesure d'ordre, et s'en sont allés dormir on ne sait où. Un peu d'eau et de vin, un peu de thé et de riz, c'est tout ce qu'on peut offrir à ce ministre et à monseigneur, qui l'acceptent.
Maintenant les deux prêtres, les deux officiers français et les deux grands d'Annam, ayant à leurs pieds « l'enfant asiatique », sont assis fort tranquillement, comme des amis, sur les bancs légers du mandarin militaire.
La conversation commence, un peu lente, embarrassée. – C'est monseigneur qui traduit, et, sa voix traînante dénote une fatigue excessive. Il dit la consternation qui règne dans Hué, la stupeur, la contagieuse épouvante, causées par nos canons énormes, par nos fusils à longue portée, par nos feux rapides.
Et puis il ajoute, plus bas, que son rôle, à lui évêque, est naturellement tout à fait officieux. En venant ce soir, il n'a fait que céder aux sollicitations de la cour d'Annam ; la terreur était telle que, sans lui, les parlementaires n'auraient pas osé se présenter au camp des Français.
Au milieu de l'enceinte du fort, se tient la suite silencieuse de l'ambassade ; gens de cour ou simples gardes accroupis pêle-mêle dans le sable, serrés les uns contre les autres, accablés, comme à l'approche de leur dernière heure. Et les brancards magnifiques qui gisent par terre, les dorures des grands parasols, jettent leur note d'Asie sur ces groupes muets.
La nuit est moins épaisse ; les nuages obscurs qui, au coucher du soleil, s'étaient tendus comme un velum, commencent à se déchirer, laissant paraître des trouées claires pleines d'étoiles.
Les matelots, qui se sont réveillés tous pour voir entrer ces palanquins et ce cortège, sont assis maintenant alentour sur les murs bas du fort ; ils fument et ils causent en sourdine. Par-dessus leurs têtes on voit les étendues noires, redevenues si tranquilles avec la nuit. Du côté de l'ouest, il y a toujours, dans les lointains, des brasiers rouges qui sont les restes des villages. – A l'est, cette grande plaine unie qui semble de marbre bleuâtre, c'est la mer de Chine ; elle commence à luire par places, reflétant les trouées et les étoiles d'en haut… !
… Voici une fois de plus le « Han !…Han !.. » qui monte de la plage, horriblement prolongé. Encore un qui meurt ! Malgré soi on fait silence tant que dure ce râle, et les gens d'Annam frissonnent.
Et puis on voit, tout au ras de l'horizon, monter le gros disque rouge de la lune, qui étend sa traînée lumineuse sur l'immensité des eaux. Dans un moment il va faire très clair.
Peu à peu, dans le petit groupe parlementaire, la conversation devient plus animée, plus cordiale. Le ministre offre ses longues cigarettes d'Annamite, roulées en cornets minces, qu'il a apportées toutes faites dans un coffret ; il paraît prendre confiance en les voyant acceptées.
Le langage de ce pays semble toujours une suite de consonances incertaines, nasillardes, entrecoupées en monosyllabes un peu haletants, et où revient à courts intervalles quelque chose comme le miaou des chats. Tout cela pourtant a une signification, parait-il, car monseigneur traduit une foule de choses fort gracieuses que les pauvres vaincus se croient obligés de dire.
Vers dix heures et demie, arrive du fort du Sud le capitaine de frégate L…, accusant réception de la lettre de paix et apportant les ordres supérieurs : on mande tout de suite au quartier général l'ambassadeur et l'évêque qui pourront amener leurs secrétaires ; quant aux gens de leur suite, ils devront rester au fort de l'Atalante, sous la surveillance du lieutenant de vaisseau commandant qui est prié de les faire coucher au milieu de ses matelots.
Très vite, les beaux brancards se remontent, les hamacs, les rideaux s'arrangent ; les quatre personnages prennent congé, et leurs palanquins s'éloignent, au pas rapide et cadencé des porteurs. La lune, encore très basse, les éclaire d'une lumière chaude ; on les regarde se perdre dans le lointain, sur les sables roses, toujours avec leurs parasols dorés, leur air de personnages de féerie.
Au campement on s'agite, on s'organise définitivement pour dormir.
Mais les hommes jaunes ont peur, à présent que l'évêque et leur chef sont partis. Avant de se coucher parmi les marins, ils éprouvent le besoin de cimenter leur amitié avec eux, de l'affirmer par mille témoignages aimables. Alors ils leur font à tous de longues politesses, des révérences annamites à ressort, de cérémonieux tchin-tchin à mains jointes, des shakehand à n'en plus finir. Et les matelots, très saisis en présence de tant de belles manières, rendent les saluts et les poignées de main, en étouffant des envies de rire ; ils s'étonnent beaucoup de rencontrer des gens de cour si obséquieux et de leur sentir les ongles si longs.
Avant minuit, tout le monde est à peu près casé, couché, endormi, – les sentinelles exceptées.
Les deux officiers, restés sur leurs fauteuils de mandarins, ne dorment pas encore, eux non plus.
La lune a beau répandre sa belle lumière nette ; les nuages ont beau s'en aller ; le ciel, redevenir pur et splendide, rien de tout cela n'égaye cette nuit de veille. On recommence à distinguer comme en plein jour les fumées des villages qui brûlent ; sur les sables clairs on voit les morts qui dessinent des taches noires, – des croix, quand leurs bras sont étendus. Et les brisants font toujours leur bruit, qui donne cette même impression d'isolement, de séparation du reste du monde, sur cette terre d'Annam.
Alors tout à coup l'affreux « Han !…Han !… » s'exhale encore, et cette fois on l'entend venir de tout près, de par terre, presque de dessous les fauteuils, en même temps que de vrais bras se tendent pour tout de bon, cherchent à vous enlacer les genoux… – C'est le blessé de ce soir, le pauvre garçon à la poitrine percée, qui est encore revenu, qui s'est traîné et introduit là, Dieu sait comment !
On n'ose plus le faire emporter ; on lui donne une couverture, du vin à boire, tout ce qu'il veut ; mais il est bien ennuyeux de s'obstiner ainsi à reparaître ; puisque l'on ne peut rien pour le sauver, il devrait bien mourir.
L'air, le vent sont chauds, lourds ; il y a une senteur douceâtre et énervante de plantes tropicales, de fleurs de dunes. – Et puis autre chose encore, un mélange à la fois fétide et musqué qui est particulier aux villages, aux gens, aux objets de ce pays. Les matelots disent : « Ça sent le chinois », et c'est tout ce qu'on peut dire de mieux. Voilà : « Ça sent le Chinois » ; c'est caractéristique et indéfinissable.
… Tout à coup une première bouffée de cimetière vient se mêler à toutes ces étrangetés d'odeurs… Les cadavres, qui commencent à se faire sentir !… – En effet, il aurait fallu les éloigner avant la nuit ; on aurait dû y songer, en voyant, au coucher du soleil, les premiers oiseaux noirs s'assembler. Mais on comptait faire faire demain cette besogne par les prisonniers, on ne pensait pas que la décomposition viendrait si vite.
… Une seconde bouffée monte, écœurante, horrible… et jusqu'au matin cela va certainement augmenter très vite, devenir intolérable. Que faire ?… Réveiller les matelots, déjà si fatigués ?… On hésite entre l'horreur d'aller remuer ces corps la nuit, et le malaise sombre que cause leur voisinage. Une lassitude vous cloue sur place ; une espèce de mauvais sommeil finit par arriver, plein de rêves, hanté par des contorsions, des grimaces, de vilaines singeries de morts…
JOURNEE DU 22 AOUT
A six heures, le soleil est là, jetant d'un seul coup, à son lever rapide, sa grande lumière magnifique et son extrême chaleur. Alors les visions de la nuit s'en vont ; les choses reprennent leurs proportions vraies.
La tente où l'on a dormi est remplie de rayons. On voit briller les hampes dorées, les lances de pagode qui soutiennent les toiles tendues ; mais ces toiles sont souillées et sordides.
Dehors, tout le campement s'éveille. Les Annamites, en s'étirant, soupirent à la pensée qui leur revient de leur défaite et de leurs terreurs d'hier. Ils secouent leurs robes bleues, – qui sont fanées, – tordent leurs longues chevelures, rajustent leurs chignons comme des femmes. Et il y a déjà plusieurs feux allumés sur le sable ; ce sont les matelots qui ont voulu dès l'aube recommencer leurs grandes cuisines de poulets.
Là-bas, la terre d'Annam paraît très belle et un peu étrange à cette heure matinale. Les hautes montagnes dessinent en l'air leurs cimes violettes ; elles paraissent plus dentelées que nature, comme dans un paysage que des Chinois auraient peint. Les plaines boisées sont de cette teinte fraîche et éclatante qui est particulière aux Tropiques. Et on aperçoit le mirador de Hué, – celui du palais royal, – qui domine ces lointains verts…
Le blessé à la poitrine crevée est mort pendant la nuit ; il est allongé tout raide, bouche béante au soleil. – Autour du fort, naturellement, les cadavres sont toujours là, dans leurs poses de la veille. Et, comme si on en manquait, la mer a même rapporté tous ceux qu'on lui avait jetés hier ; ils sont le long de la plage, baignés dans l'écume blanche des lames, avec leurs mains en l'air toujours, – et tous ballonnés, ressemblant à de gros magots ventrus. Il va falloir décidément creuser de grands trous pour y mettre tout ce monde.
Est-ce qu'on marchera aujourd'hui sur Hué, – est-ce qu'on franchira les grands murs mystérieux ? – Sans doute non ; cette ambassade arrivée cette nuit aura signé n'importe quoi, par peur de nous voir venir dans la ville, dans les palais, – et le vieux proverbe d'Annam aura raison encore une fois.
Auprès, autour du campement, ce sont toujours les sables étincelants et chauds, contrastant avec la rive verte de l'intérieur ; et puis les ruines, les débris de tout ce que le feu a détruit hier. Deux pagodes restées debout montrent, avec des aspects méchants, leurs cornes, leurs griffes, toutes leurs diableries de faïence. Et les cocotiers du village, qui étaient si frais, ont passé au noir ; ils sont plantés au milieu de ce désarroi comme de vieux plumeaux roussis.
Vers sept heures, le bruit très éloigné d'une fusillade. Ce sont les troupes françaises campées au fort Circulaire qui viennent de traverser la rivière de Hué dans les canots de l'escadre et s'avancent sur les sables de la rive Sud. A la longue-vue on suit dans le lointain les mouvements de ces rangées de petits pygmées noirs qui sont des matelots et des soldats ; on les voit s'emparer sans coup férir de deux ou trois forts que les ennemis ont abandonnés dans la grande panique d'hier, – et le pavillon aux trois couleurs est hissé partout.
Ce doit être la fin des fins, et sans doute on ne se battra plus.
Journée lourde, longue, monotone, accablée de chaleur, pénible à passer.
On enterre les morts. Il y en a encore plus qu'on ne croyait. Le rapport officiel annamite en accuse douze cents, et ce doit être le compte. On les jette en bloc dans de grands trous. Les prisonniers font cette besogne, surveillés, baïonnette aux reins, par les sergents des troupes indigènes de Saïgon.
Les matelots, qui sont très altérés aujourd'hui, puisent de l'eau aux citernes ; mais c'est de l'eau boueuse, et de plus elle est musquée comme toutes les choses de ce pays. Les prisonniers expliquent qu'on l'a apportée de la grande terre dans des outres de bique où elle a pris cette odeur, et qu'elle n'en a pas moins un fort bon goût.
Tout de même, en cas de poison, les matelots qui se méfient imaginent de la filtrer. Et voilà les grands chapeaux chinois, – qui faisaient déjà de merveilleux entonnoirs pour vider le vin dans les bidons, – requis pour ce nouvel emploi. (Le sable en est semé, de ces grands chapeaux coniques en forme d'abat-jour, tombés dans la déroute). On met dedans, au fond, un peu de charbon pilé, puis on les remplit d'eau, et bientôt, par la pointe, coule un petit filet clair qui n'est pas trop mauvais à boire.
Trois heures de l'après-midi.
L'ambassade traverse de nouveau le campement, revenant du quartier général. Elle passe sans s'arrêter, ramasse son escorte, descend, au pas gymnastique, vers la lagune, puis s'embarque dans ses jonques. Et pendant tout ce défilé rapide, les grands parasols asiatiques bariolés d'or se tournent, s'élèvent ou s'abaissent suivant les rayons du soleil, manœuvrés avec une rare précision par leurs porteurs.
Cette fois les palanquins sont restés fermés. Monseigneur seul a entr'ouvert ses petits rideaux, pour saluer de la main et annoncer que le traité de paix est accepté avec ses clauses les plus dures : on se dépêche le plus possible, pour le porter ce soir même à la signature du roi d'Annam…
Allons, le vieux proverbe a dit vrai, et les grands murs de Hué vont garder leur mystère…
Le vent est à la paix décidément. Au coucher du soleil, deux mandarins arrivent au fort, un peu tremblants, mais empressés et obséquieux, avec des airs d'humilité sournoise ; faisant de beaux tchin-tchin, distribuant à tout le monde des poignées de main qui s'embarrassent dans les plis de leurs manches-pagodes, dans la longueur de leurs ongles.
Leurs robes sont en gaze de soie bleu-marine, à grandes rosaces brochées, – avec des devants d'un bleu plus pâle, comme ces gilets qui ont été de mode pour les femmes en France.
Ils sont venus nous amener un convoi de bœufs, de porcs, de bananes, d'eau fraîche, de toutes sortes de choses fort bonnes, qui vont être les bienvenues.
Ils apportent aussi des nouvelles à sensation : il paraîtrait que le roi en personne, l'invisible, l'inconnaissable, est monté hier dans son grand mirador, qu'on aperçoit là-bas, pour regarder le bombardement et l'escadre. Il est vrai, on avait répandu dans la ville de rigoureuses menaces de mort contre qui oserait lever les yeux vers cette tour, et toutes les maisons, toutes les fenêtres s'étaient fermées avec terreur. Mais, dans les grands faubourgs habités par les Européens et les marchands, on aurait pu avec des lunettes l'apercevoir, et ce fait est vraiment un signe des temps, une chose sans précédent dans l'histoire de l'Annam.
Neuf heures du soir.
L'ordre arrive du quartier général, de faire rembarquer les marins demain matin à la première heure…
C'est fini, ce petit rêve de conquête. On laissera les forts sous la garde de l'infanterie de marine et de la Vipère.
Les matelots, très désappointés, se répandent dans le village incendié pour ramasser dans les décombres mille petits souvenirs qu'ils désirent emporter ; avec des lanternes, ils font parmi les débris des choix très extraordinaires, se lamentant beaucoup de n'avoir pas été prévenus plus tôt, de n'avoir pas pu trier tout cela au jour. Ils ne s'endorment que fort tard, quand ils ont préparé tous leurs petit paquets et chanté plusieurs chansons.