… Le soir, harassés de fatigue, et très affamés aussi, nous arrivions au bas de Fataoua sans incident nouveau…
Là se trouvaient deux jeunes hommes inconnus, qui revenaient des forêts ; ils étaient vêtus du pareo national noué autour des reins ; en passant dans la zone des rosiers, ils s’étaient fait de larges couronnes semblables à celle de Rarahu, et portaient au bout de longs bâtons leur récolte sur leurs épaules nues : de beaux fruits de l’arbre-à-pain, et des bananes sauvages, rouges et vermeilles.
Nous fîmes halte avec eux dans un bas-fond délicieux, sous une voûte odorante de citronniers en fleurs.
La flamme jaillit bientôt entre leurs mains, du frottement de deux branches sèches ; un grand feu fut allumé, et les fruits cuits sous l’herbe nous constituèrent un repas excellent dont les deux jeunes hommes inconnus nous offrirent joyeusement la moitié, comme c’est là-bas la coutume…
Rarahu avait rapporté de cette expédition autant d’étonnements et d’émotions que d’un voyage en pays lointain.
Son intelligence d’enfant s’était ouverte à une foule de conceptions nouvelles, – sur l’immensité et sur la formation des races humaines, sur le mystère de leurs destinées…