…Le lendemain fut une journée d’adieux fort agitée…
Le soir je comptais voir enfin Taïmaha ; elle était revenue à Tahiti, m’avait-on dit, et je lui avais fait donner rendez-vous par l’intermédiaire d’une des suivantes de la reine, sur la plage de Fareüte à la tombée de la nuit…
Quand, à l’heure fixée, j’arrivai dans ce lieu isolé, j’aperçu une femme immobile qui semblait attendre, la tête couverte d’un épais voile blanc…
Je m’approchai et j’appelai : Taïmaha ! – La femme voilée me laissa plusieurs fois répéter ce nom sans répondre ; elle détournait la tête, et riait sous les plis de la mousseline…
J’écartai le voile et découvris la figure connue de Faïmana, qui se sauva en éclatant de rire…
Faïmana ne me dit point quelle aventure amoureuse l’avait amenée dans cet endroit où elle était vexée de m’avoir rencontré ; elle n’avait jamais entendu parler de Taïmaha, et ne put me donner sur elle aucun renseignement…
Force me fut de remettre à mon retour une tentative nouvelle pour la voir ; il semblait que cette femme fût un mythe, ou qu’une puissance mystérieuse prit plaisir à nous éloigner l’un de l’autre, nous réservant pour plus tard une entrevue plus saisissante…
Nous partîmes le lendemain matin un peu avant le jour ; Tiahoui et Rarahu vinrent à l’heure des dernières étoiles m’accompagner jusqu’à la plage…
Rarahu pleura abondamment, – bien que la durée du voyage du Rendeer ne dût pas dépasser un mois ; elle avait le pressentiment peut-être que le temps délicieux que nous venions de passer tous deux ne se retrouverait plus…
L’idylle était finie… Contre nos prévisions humaines, ces heures de paix et de frais bonheur écoulées au bord du ruisseau de Fataoua, s’en étaient allées pour ne plus revenir…