… Qui peut dire où réside le charme d’un pays ?… Qui trouvera ce quelque chose d’intime et d’insaisissable que rien n’exprime dans les langues humaines ?
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Il y a dans le charme tahitien beaucoup de cette tristesse étrange qui pèse sur toutes ces îles d’Océanie, – l’isolement dans l’immensité du Pacifique, – le vent de la mer, – le bruit des brisants, – l’ombre épaisse, – la voix rauque et triste des Maoris qui circulent en chantant au milieu des tiges des cocotiers, étonnamment hautes, blanches et grêles…
On s’épuise à chercher, à saisir, à exprimer…effort inutile, – ce quelque chose s’échappe, et reste incompris…
J’ai écrit sur Tahiti de longues pages ; il y a là dedans des détails jusque sur l’aspect des moindres petites plantes – jusque sur la physionomie des mousses…
Qu’on lise tout cela avec la meilleure volonté du monde, – eh bien, après, a-t-on compris ?… Non assurément…
Après cela, a-t-on entendu, la nuit, sur ces plages de Polynésie toutes blanches de corail, – a-t-on entendu, la nuit, partir du fond des bois le son plaintif d’un vivo ?… (flûte de roseau) ou le beuglement lointain des trompes en coquillage ?