Je restai là longtemps assis, tenant toujours en main les papiers du chef, et cherchant à rassembler mes idées embrouillées par la fièvre.
Je m’étais laissé abuser comme un enfant naïf par la parole de cette femme ; je maudissais cette créature, qui m’avait poussé dans cette île désolée, tandis qu’à Tahiti Rarahu m’attendait, et que le temps irréparable s’envolait pour nous deux.
Les jeunes filles étaient toujours là assises, avec leurs couronnes de gardénias qui répandaient leur parfum du soir ; tous étaient immobiles, la tête tournée vers la forêt, groupés, comme pour s’unir contre l’obscurité envahissante, contre la solitude et le voisinage des bois.
Le vent gémissait plus fort, il faisait froid et il faisait nuit…