Novembre, – c’était la belle saison, correspondant à notre hiver de France ; la chaleur était moins forte, et le vent sec du désert avait succédé aux grands orages de l’été.
Quand la belle saison commence au Sénégal, on peut, en toute sécurité, camper en plein air, sans toit à sa tente. Pendant six mois, pas une goutte d’eau ne tombera sur ce pays ; chaque jour, sans trêve, sans merci, il sera brûlé par un soleil dévorant.
C’est la saison aimée des lézards ; – mais l’eau manque dans les citernes, les marais se dessèchent, l’herbe meurt, – et les cactus même, les nopals épineux n’ouvrent plus leurs tristes fleurs jaunes. Pourtant les soirées sont froides ; au coucher du soleil, se lève régulièrement une grande brise de mer qui fait gronder les éternels brisants des plages d’Afrique et secoue sans pitié les dernières feuilles d’automne.
Triste automne, qui n’amène avec lui ni les longues veillées de France, ni le charme des premières gelées, ni les récoltes, ni les fruits dorés.
Jamais un fruit dans ce pays déshérité de Dieu ; les dattes du désert même lui sont refusées ; rien n’y mûrit, rien que les arachides et les pistaches amères.
Cette sensation de l’hiver qu’on éprouve là, par une chaleur encore torride, cause à l’imagination une impression étrange.
Grandes plaines chaudes, mornes, désolées, couvertes d’herbes mortes, où se dressent par-ci, par-là, à côté des maigres palmiers, les colossaux baobabs, qui sont comme les mastodontes du règne végétal et dont les branches nues sont habitées par des familles de vautours, de lézards et de chauves-souris.