VI

Cette lettre que Jean attendait depuis un mois lui brûlait les mains, et il hésitait à la lire. Il résolut d’attendre d’avoir fini sa mission pour la décacheter.

Il arriva à la grille du Gouvernement, dont la porte était ouverte, et il entra.

Dans le jardin, même animation que dans la rue. Une grande lionne privée s‘étirait au soleil, avec des mines de chatte amoureuse. Des autruches dormaient par terre, auprès de quelques rigides aloès bleuâtres.

Midi, – personne, – un silence de nécropole, et de grandes terrasses blanches sur lesquelles les palmiers jaunes dessinaient des ombres immobiles.

Jean, cherchant à qui parler, arriva jusqu’à un bureau où il trouva le gouverneur entouré des différents chefs du service colonial.

Là, par extraordinaire, on travaillait avec animation ; on semblait discuter des choses graves, à cette heure traditionnelle du repos de la sieste.

En échange du pli qu’apportait Jean, on lui en remit un autre, à l’adresse du commandant des spahis.

C’était l’ordre définitif de mise en marche qui, dans l’après-midi, fut communiqué officiellement à toutes les troupes de Saint-Louis.

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