Podor, – un poste français important sur la rive sud du Sénégal, – et l’un des points les plus chauds de la terre.
Une grande forteresse, fendillée par le soleil.
Une rue presque ombragée, le long du fleuve, avec quelques maisons déjà anciennes, d’un aspect sombre. – Des traitants français, jaunis par la fièvre et l’anémie ; des marchands, maures ou noirs, accroupis sur le sable ; tous les costumes, toutes les amulettes d’Afrique ; – des sacs d’arachides, des ballots de plumes d’autruches, – de l’ivoire et de la poudre d’or.
Derrière cette rue à moitié européenne, une grande ville nègre en chaume, partagée comme un gâteau d’abeilles par des rues larges et droites ; chaque quartier bordé d’épaisses tatas de bois, fortifié comme une citadelle.
Jean s’y promena le soir, en compagnie de son ami Nyaor. – Les chants tristes qui partaient de derrière ces murs, ces voix étranges, ces aspects inusités, ce vent chaud qui soufflait toujours malgré la nuit, lui causaient une sorte de terreur vague, d’angoisse inexpliquée, faite de nostalgie, de solitude et aussi de désespérance.
Jamais, même dans les postes lointains du Diakhallénée, il ne s’était senti si isolé ni si perdu.
Tout autour de Podor, des champs de mil ; quelques arbres rabougris, quelques broussailles et un peu d’herbe.
En face, sur la rive maure, on était en plein désert. – Et pourtant, à l’entrée d’une route à peine commencée, qui bientôt se perdait au nord dans les sables, un écriteau portait cette inscription prophétique : Route d’Alger.