XXIII

Dès le matin, Fatou-gaye aussi se mit en route avec son fils. – Elle alla à Nialoumbaé, un village de la tribu alliée, où résidait un grand marabout, prêtre fameux dans l’art des prédictions et des sorts.

Elle se fit conduire à la hutte de ce vieillard centenaire, qu’elle trouva affaissé sur sa natte et marmottant, comme un mourant, des prières à son Dieu.

Ensemble ils eurent un long entretien, à la suite duquel le prêtre remit à la jeune fille un petit sac de cuir qui semblait renfermer une chose d’un grand prix et qu’elle serra soigneusement dans sa ceinture.

Après cela, le marabout fit prendre à l’enfant de Jean un breuvage pour l’endormir ; – et Fatou-gaye offrit en échange trois grosses pièces d’argent, – les derniers khâliss du spahi, que le vieillard serra dans sa bourse ; et puis, dans un pagne brodé, elle enveloppa avec amour son fils, qui déjà dormait d’un sommeil magique ; – elle attacha sur son dos ce fardeau précieux, – et se fit indiquer la direction des bois où, dans la soirée, les Français devaient camper.

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