Introduction

Hat der Alte Hexenmeister
Sich doch einmal wegbegeben !
Und nun sollen seine Geister
Auch nach meinem Willen leben !
Seine Wort’ und Werke
Merkt’ ich, und den Brauch,
Und mit Geistesstärke
Thu’ ich Wunder auch.

Gœthe, Ballades ; der Zauberlehrling.

La question de l’initiation du magicien dans les sociétés dites primitives est une des premières que la science comparée des religions ait posées.

Les pionniers de l’anthropologie et de l’ethnologie religieuses, Bastian, Tylor l’ont indiquée ; Stoll, Achelis, Bartels, ont rassemblé à son propos un nombre assez considérable de documents : les deux premiers parce que ce fait se présente fréquemment sous la forme de phénomènes d’extase et de suggestion ; l’autre, parce que la fonction de magicien et celle de médecin coïncidant souvent, l’entrée dans la carrière magique l’intéressait forcément.

Il est très remarquable qu’un fait aussi connu ait été presque perdu de vue, lorsqu’on a tenté, dans ces derniers temps, de faire une théorie de la magie. Que la plupart des rites magiques aient été pratiqués, dans des sociétés primitives, par des magiciens qualifiés, initiés régulièrement à leur art, c’était un fait de la plus haute importance ; mais ce fait allait directement contre tout système où, sans tenir compte des phénomènes sociaux, de la crédulité publique, de la notion collective du pouvoir magique, on tentait d’expliquer la magie comme une simple application, quasi technique, des lois, quasi scientifiques, de la sympathie.

Nous avons tenté de rendre sa valeur à ce phénomène et de lui donner sa place dans une théorie de la magie. C’est à étudier les textes mêmes où sont consignés un certain nombre des faits de cette espèce, observés parmi les sociétés extraordinairement arriérées de l’Australie, que nous consacrons cette étude. Nous faisons remarquer en effet qu’il s’agit là de groupements sociaux qui sont encore, si l’on en croit M. Frazer, à l’âge magique de l’humanité. Il est, pour cette raison, très significatif d’y rencontrer de véritables corporations de magiciens et un système complet d’initiations et de révélations provoquées volontairement.

Nous avons choisi cette « province ethnographique », comme dirait M. Bastian, parce que les faits y sont particulièrement homogènes, comparables entre eux. De plus, les documents sociologiques parfaitement circonstanciés ont commencé à abonder et ils nous aident à comprendre des documents antérieurs plus sommaires ou recueillis dans des conditions moins bonnes. En effet, dans les dernières années, l’étude des tribus du centre et du nord-ouest de l’Australie a pu être entreprise avec toutes les ressources de l’ethnographie moderne, et ces tribus quoique observées bien après la découverte de l’île sont, en fait, dans un état de décomposition bien moindre que la plupart de celles sur lesquelles nous étaient parvenues des observations, même fort anciennes.

Share on Twitter Share on Facebook