Célie, Mascarille, Lélie, Andrès
Andrès
N’est-ce pas là l’objet dont vous m’avez parlé ?
Lélie
Ah ! quel bonheur au mien pourrait être égalé ?
Andrès
Il est vrai, d’un bienfait je vous suis redevable :
Si je ne l’avouais, je serais condamnable ;
Mais enfin ce bienfait aurait trop de rigueur,
S’il fallait le payer aux dépens de mon cœur ;
Jugez donc le transport où sa beauté me jette,
Si je dois à ce prix vous acquitter ma dette :
Vous êtes généreux, vous ne le voudriez pas.
Adieu pour quelques jours : retournons sur nos pas.
Mascarille
Je ris, et toutefois je n’en ai guère envie.
Vous voilà bien d’accord, il vous donne Célie,
Et… Vous m’entendez bien.
Lélie
C’est trop : je ne veux plus
Te demander pour moi de secours superflus ;
Je suis un chien, un traître, un bourreau détestable,
Indigne d’aucun soin, de rien faire incapable.
Va, cesse tes efforts pour un malencontreux.
Qui ne saurait souffrir que l’on le rende heureux :
Après tant de malheurs, après mon imprudence,
Le trépas me doit seul prêter son assistance.
Mascarille
Voilà le vrai moyen d’achever son destin ;
Il ne lui manque plus que de mourir, enfin,
Pour le couronnement de toutes ses sottises.
Mais en vain son dépit pour ses fautes commises
Lui fait licencier mes soins et mon appui :
Je veux, quoi qu’il en soit, le servir malgré lui,
Et dessus son lutin obtenir la victoire :
Plus l’obstacle est puissant, plus on reçoit de gloire,
Et les difficultés dont on est combattu
Sont les dames d’atour qui parent la vertu.