Scène VII

Mascarille, Célie

Célie

Quoi que tu veuilles dire et que l’on se propose,

De ce retardement j’attends fort peu de chose :

Ce qu’on voit de succès peut bien persuader

Qu’ils ne sont pas encor fort près de s’accorder ;

Et je t’ai déjà dit qu’un cœur comme le nôtre

Ne voudrait pas pour l’un faire injustice à l’autre,

Et que très-fortement, par de différents nœuds,

Je me trouve attachée au parti de tous deux.

Si Lélie a pour lui l’amour et sa puissance,

Andrès pour son partage a la reconnaissance,

Qui ne souffrira point que mes pensers secrets

Consultent jamais rien contre ses intérêts :

Oui, s’il ne peut avoir plus de place en mon âme,

Si le don de mon cœur ne couronne sa flamme,

Au moins dois-je ce prix à ce qu’il fait pour moi,

De n’en choisir point d’autre au mépris de sa foi,

Et de faire à mes vœux autant de violence

Que j’en fais aux désirs qu’il met en évidence.

Sur ces difficultés qu’oppose mon devoir,

Juge ce que tu peux te permettre d’espoir.

Mascarille

Ce sont, à dire vrai, de très-fâcheux obstacles,

Et je ne sais point l’art de faire des miracles ;

Mais je vais employer mes efforts plus puissants,

Remuer terre et ciel, m’y prendre de tout sens,

Pour tâcher de trouver un biais salutaire,

Et vous dirai bientôt ce qui se pourra faire.

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