1725.
Que celui d’entre nous qui aura rendu les lois esclaves de l’iniquité de ses jugements périsse sur l’heure ! Qu’il trouve en tout lieu la présence d’un Dieu vengeur, et les puissances célestes irritées ! Qu’un feu sorte de dessous terre et dévore sa maison ! Que sa postérité soit à jamais humiliée ! Qu’il cherche son pain et ne le trouve pas ! Qu’il soit un exemple affreux de la justice du ciel, comme il en a été un de l’injustice de la terre !
C’est à peu près ainsi, messieurs, que parlait un grand empereur ; et ces paroles si tristes, si terribles, sont pour vous pleines de consolation. Vous pouvez tous dire en ce moment à ce peuple assemblé, avec la confiance d’un juge d’Israël : Si j’ai commis quelque injustice, si j’ai opprimé quelqu’un de vous, si j’ai reçu des présents de quelqu’un d’entre vous, qu’il élève la voix, qu’il parle contre moi aux yeux du Seigneur : LOQUIMI DE ME CORAM DOMINO, ET CONTEMNAM ILLUD HODIE 1 .
Je ne parlerai donc point de ces grandes corruptions qui, dans tous les temps, ont été le présage du changement ou de la chûte des États ; de ces injustices de dessein formé ; de ces méchancetés de système ; de ces vies toutes marquées de crimes, où des jours d’iniquité ont toujours suivi des jours d’iniquités ; de ces magistratures exercées au milieu des reproches, des pleurs, des murmures et des craintes de tous les citoyens : contre des juges pareils, contre des hommes si funestes, il faudrait un tonnerre ; la honte et les reproches ne sont rien.
Ainsi, supposant dans un magistrat sa vertu essentielle, qui est la justice, qualité sans laquelle il n’est qu’un monstre dans la société, et avec laquelle il peut être un très-mauvais citoyen, je ne parlerai que des accessoires qui peuvent faire que cette justice abondera plus ou moins. Il faut qu’elle soit éclairée ; il faut qu’elle soit prompte, qu’elle ne soit point austère, et enfin qu’elle soit universelle.
Dans l’origine de notre monarchie, nos pères, pauvres, et plutôt pasteurs que laboureurs, soldats plutôt que citoyens, avaient peu d’intérêts à régler ; quelques lois sur le partage du butin, sur la pâture ou le larcin des bestiaux, réglaient tout dans la république : tout le monde était bon pour être magistrat chez un peuple qui dans ses mœurs suivait la simplicité de la nature, et à qui son ignorance et sa grossièreté fournissaient des moyens aussi faciles qu’injustes de terminer les différends, comme le sort, les épreuves par l’eau, par le feu, les combats singuliers, etc.
Mais depuis que nous avons quitté nos mœurs sauvages ; depuis que, vainqueurs des Gaulois et des Romains 2 , nous avons pris leur police ; que le code militaire a cédé au code civil ; depuis surtout que les lois des fiefs n’ont plus été les seules lois de la noblesse, le seul code de l’État, et que par ce dernier changement le commerce et le labourage ont été encouragés ; que les richesses des particuliers et leur avarice se sont accrues ; qu’on a eu à démêler de grands intérêts, et des intérêts presque toujours cachés ; que la bonne foi ne s’est réservé que quelques affaires de peu d’importance, tandis que l’artifice et la fraude se sont retirés dans les contrats ; nos codes se sont augmentés ; il a fallu joindre les lois étrangères aux nationales ; le respect pour la religion y a mêlé les canoniques ; et les magistratures n’ont plus été le partage que des citoyens les plus éclairés.
Les juges se sont toujours trouvés au milieu des piéges et des surprises, et la vérité a laissé dans leur esprit les mêmes méfiances que l’erreur.
L’obscurité du fond a fait naître la forme. Les fourbes, qui ont espéré de pouvoir cacher leur malice, s’en sont fait une espèce d’art : des professions entières se sont établies, les unes pour obscurcir, les autres pour allonger les affaires ; et le juge a eu moins de peine à se défendre de la mauvaise foi du plaideur, que de l’artifice de celui à qui il confiait ses intérêts.
Pour lors il n’a plus suffi que le magistrat examinât la pureté de ses intentions ; ce n’a plus été assez qu’il pût dire à Dieu, Proba me, Deus, et scito cor meum 3 : il a fallu qu’il examinât son esprit, ses connaissances et ses talents ; il a fallu qu’il se rendit compte de ses études, qu’il portât toute sa vie le poids d’une application sans relâche, et qu’il vit si cette application pouvait donner à son esprit la mesure de connaissances et le degré de lumière que son état exigeait.
On lit, dans les relations de certains voyageurs, qu’il y a des mines où les travailleurs ne voient jamais le jour. Ils sont une image bien naturelle de ces gens dont l’esprit, appesanti sous les organes, n’est capable de recevoir aucun degré de clairvoyance. Une pareille incapacité exige d’un homme juste qu’il se retire de la magistrature ; une moindre incapacité exige d’un homme juste qu’il la surmonte par des sueurs et par des veilles.
Il faut encore que la justice soit prompte. Souvent l’injustice n’est pas dans le jugement, elle est dans les délais ; souvent l’examen a fait plus de tort qu’une décision contraire. Dans la constitution présente, c’est un état que d’être plaideur ; on porte ce titre jusqu’à son dernier âge : il va à la postérité ; il passe, de neveux en neveux, jusqu’à la fin d’une malheureuse famille.
La pauvreté semble toujours attachée à ce titre si triste. La justice la plus exacte ne sauve jamais que d’une partie des malheurs ; et tel est l’état des choses, que les formalités introduites pour conserver l’ordre public sont aujourd’hui le fléau des particuliers. L’industrie du palais est devenue une source de fortune, comme le commerce et le labourage ; la maltôte a trouvé à s’y repaître et à disputer à la chicane la ruine d’un malheureux plaideur.
Autrefois les gens de bien menaient devant les tribunaux les hommes injustes : aujourd’hui ce sont les hommes injustes qui y traduisent les gens de bien. Le dépositaire a osé nier le dépôt, parce qu’il a espéré que la bonne foi craintive se lasserait bientôt de le demander en justice ; et le ravisseur a fait connaitre à celui qu’il opprimait qu’il n’était point de sa prudence de continuer à lui demander raison de ses violences.
On a vu (ô siècle malheureux !) des hommes iniques menacer de la justice ceux à qui ils enlevaient leurs biens, et apporter pour raison de leurs vexations la longueur du temps, et la ruine inévitable de ceux qui voudraient les faire cesser. Mais quand l’état de ceux qui plaident ne serait point ruineux, il suffirait qu’il fût incertain pour nous engager à le faire finir. Leur condition est toujours malheureuse, parce qu’il leur manque quelque sûreté du côté de leurs biens, de leur fortune et de leur vie.
Cette même considération doit inspirer à un magistrat juste une grande affabilité, puisqu’il a toujours affaire à des gens malheureux. Il faut que le peuple soit toujours présent à ses inquiétudes ; semblable à ces bornes que les voyageurs trouvent dans les grands chemins, sur lesquelles ils reposent sur le fardeau. Cependant on a vu des juges qui, refusant à leurs parties tous les égards, pour conserver, disaient-ils, la neutralité, tombaient dans une rudesse qui les en faisait plus sûrement sortir.
Mais qui est-ce qui a jamais pu dire, si l’on en excepte les stoïciens, que cette affection générale pour le genre humain, qui est la vertu de l’homme considéré en lui-même, soit une vertu étrangère au caractère de juge ? Si c’est la puissance qui doit endurcir les cœurs, voyez comme l’autorité paternelle endurcit le cœur des pères, et réglez votre magistrature sur la première de toutes les magistratures.
Mais, indépendamment de l’humanité, la bienséance et l’affabilité, chez un peuple poli, deviennent une partie de la justice ; et un juge qui en manque pour ses clients commence dès lors à ne plus rendre à chacun ce qui lui appartient. Ainsi, dans nos mœurs, il faut qu’un juge se conduise envers les parties de manière qu’il leur paraisse bien plutôt réservé que grave, et qu’il leur fasse voir la probité de Caton sans leur en montrer la rudesse et l’austérité.
J’avoue qu’il y a des occasions où il n’est point d’âme bienfaisante qui ne se sente indignée. L’usage qui a introduit les sollicitations semble avoir été fait pour éprouver la patience des juges qui ont du courage et de la probité. Telle est la corruption du cœur des hommes, qu’il semble que la conduite générale soit de la supposer toujours dans le cœur des autres.
O vous qui employez pour nous séduire tout ce que vous pouvez vous imaginer de plus inévitable ; qui pour nous mieux gagner cherchez toutes nos faiblesses ; qui mettez en œuvre la flatterie, les bassesses, le crédit des grands, le charme de nos amis, l’ascendant d’une épouse chérie, quelquefois même un empire que vous croyez plus fort ; qui, choisissant toutes nos passions, faites attaquer notre cœur par l’endroit le moins défendu : puissiez-vous à jamais manquer tous vos desseins, et n’obtenir que de la confusion dans vos entreprises ! Nous n’aurons point à vous faire les reproches que Dieu fait aux pécheurs dans les livres saints, Vous m’avez fait servir à vos iniquités 4 ; nous résisterons à vos sollicitations les plus hardies, et nous vous ferons sentir la corruption de votre cœur et la droiture du nôtre.
Il faut que la justice soit universelle. Un juge ne doit pas être comme l’ancien Caton, qui fut le plus juste sur son tribunal, et non dans sa famille. La justice doit être en nous une conduite générale. Soyons justes dans tous les lieux, justes à tous égards, envers toutes personnes, en toutes occasions.
Ceux qui ne sont justes que dans les cas où leur profession l’exige, qui prétendent être équitables dans les affaires des autres lorsqu’ils ne sont pas incorruptibles dans ce qui les touche eux-mêmes, qui n’ont point mis l’équité dans les plus petits événements de leur vie, courent risque de perdre bientôt cette justice même qu’ils rendent sur le tribunal. Des juges de cette espèce ressemblent à ces monstrueuses divinités que la fable avait inventées, qui mettaient bien quelque ordre dans l’univers, mais qui, chargées de crimes et d’imperfections, troublaient elles-mêmes leurs lois, et faisaient rentrer le monde dans tous les déréglements qu’elles en avaient bannis.
Que le rôle de l’homme privé ne fasse donc point de tort à celui de l’homme public : car dans quel trouble d’esprit un juge ne jette-t-il point les parties, lorsqu’elles lui voient les mêmes passions que celles qu’il faut qu’il corrige, et qu’elles trouvent sa conduite répréhensible comme celle qui a fait naître leurs plaintes ! « S’il aimait la justice, diraient-elles, la refuserait-il aux persones qui lui sont unies par des liens si doux, si forts, si sacrés, à qui il doit tenir par tant de motifs d’estime, d’amour, de reconnaissance, et qui peut-être ont mis tout leur bonheur entre ses mains ? »
Les jugements que nous rendons sur le tribunal peuvent rarement décider de notre probité ; c’est dans les affaires qui nous intéressent particulièrement que notre cœur se développe et se fait connaître ; c’est là-dessus que le peuple nous juge ; c’est là-dessus qu’il nous craint ou qu’il espère de nous. Si notre conduite est condamnée, si elle est soupçonnée, nous devenons soumis à une espèce de récusation publique ; et le droit de juger, que nous exerçons, est mis, par ceux qui sont obligés de le souffrir, au rang de leurs calamités.
Il est temps, messieurs, de vous parler de ce jeune prince, héritier de la justice de ses ancêtres comme de leur couronne. L’histoire ne connaît point de roi qui, dans l’âge mûr et dans la force de son gouvernement, ait eu des jours si précieux à l’Europe, que ceux de l’enfance de ce monarque. Le ciel avait attaché au cours de sa vie innocente de si grandes destinées, qu’il semblait être le pupille et le roi de toutes les nations. Les hommes des climats les plus reculés regardaient ses jours comme leurs propres jours. Dans les jalousies des intérêts divers, tous les peuples vivaient dans une crainte commune. Nous, ses fidèles sujets, nous Français, à qui on donne l’éloge d’aimer uniquement notre roi, à peine avions-nous en ce point l’avantage sur les nations alliées, sur les nations rivales, sur les nations ennemies. Un tel présent du ciel, si grand par ce qui s’est passé, si grand dans le temps présent, nous est encore pour l’avenir une illustre promesse. Né pour la félicité du genre humain, n’y aurait-il que ses sujets qu’il ne rendrait pas heureux ? Il ne sera point comme le soleil, qui donne la vie à tout ce qui est loin de lui, et qui brûle tout ce qui l’approche.
Nous venons de voir une grande princesse 5 sortir du deuil dont elle était environnée. Elle a paru, et les peuples divers, dans ces sortes d’événements, uniquement attentifs à leurs intérêts, n’ont regardé que les vertus et les agréments que le ciel a répandus sur elle. Le jeune monarque s’est incliné sur son cœur ; la vertu nous est garante pour l’avenir de ce tendre amour que les charmes et les grâces ont fait naître.
Soyez, grand roi, le plus heureux des rois. Nous, qui vous aimons, bénissons le ciel de ce qu’il a commencé le bonheur de la monarchie par celui de la famille royale. Quelque grande que soit la félicité dont vous jouissez, vous n’avez rien que ce que vos peuples ont mille fois désiré pour vous : nous implorions tous les jours le ciel ; il nous a tout accordé ; mais nous l’implorons encore. Puisse votre jeunesse être citée à tous les rois qui viendront après vous ! Puissiez-vous, dans un âge plus mûr, n’y trouver rien à reprendre, et, dans les grands engagements où vous entrez, toujours bien sentir ce que doit à l’univers le premier des mortels ! Puissiez-vous toujours cultiver, dans la paix, des vertus qui ne sont pas moins royales que les vertus militaires, et n’oublier jamais que le ciel, en vous faisant naître, a déjà fait toute votre grandeur, et que, comme l’immense océan, vous n’avez rien à acquérir ?
Que le prince en qui vous avez mis votre principale confiance 6 , qui ne trouve votre gloire que là où il voit votre justice, ce prince inflexible comme les lois mêmes, qui décerne toujours ce qu’il a résolu une fois, ce prince qui aime les règles et ne connaît pas les exceptions ; qui se suit toujours lui-même, qui voit la fin comme le commencement des projets, et qui sait réduire les courtisans aux demandes justes, distinguer leurs services de leurs assiduités, et leur apprendre qu’ils ne sont pas plus à vous que vos autres sujets, puisse être longtemps auprès de votre trône, et y partager avec vous les peines de la monarchie !
Avocats, la cour connaît votre intégrité, et elle a du plaisir de pouvoir vous le dire. Les plaintes contre votre honneur n’ont point encore monté jusqu’à elle. Sachez pourtant qu’il ne suffit pas que votre ministère soit désintéressé pour être pur. Vous avez du zèle pour vos parties, et nous le louons ; mais ce zèle devient criminel lorsqu’il vous fait oublier ce que vous devez à vos adversaires. Je sais bien que la loi d’une juste défense vous oblige souvent de révéler des choses que la honte avait ensevelies ; mais c’est un mal que nous ne tolérons que lorsqu’il est absolument nécessaire. Apprenez de nous cette maxime, et souvenez-vous-en toujours : « Ne dites jamais la vérité aux dépens de votre vertu. »
Quel triste talent que celui de savoir déchirer les hommes ! Les saillies de certains esprits sont peut-être les plus grandes épines de notre ministère ; et, bien loin que ce qui fait rire le peuple puisse mériter nos applaudissements, nous pleurons toujours sur les infortunés qu’on déshonore.
Quoi ! la honte suivra tous ceux qui approchent de ce sacré tribunal ! Hélas ! craint-on que les grâces de la justice ne soient trop pures ? Que peut-on faire de pis pour les parties ? On les fait gémir sur leurs succès mêmes, et on leur rend, pour me servir des termes de l’Écriture, « les fruits de la justice amers comme de l’absinthe 7 ».
Eh ! de bonne foi, que voulez-vous que nous répondions, quand on viendra nous dire : « Nous sommes venus devant vous, et on nous y a couverts de confusion et d’ignominie ; vous avez vu nos plaies, et vous n’avez pas voulu y mettre d’huile ; vous vouliez réparer les outrages qu’on nous a faits loin de vous, et on nous en a fait sous vos yeux de plus réels ; et vous n’avez rien dit : vous que, sur le tribunal où vous étiez, nous regardions comme les dieux de la terre, « vous avez été muets comme des statues « de bois et de pierre ». Vous dites que vous nous conservez nos biens : eh ! notre honneur nous est mille fois plus cher que nos biens. Vous dites que vous mettez en sûreté notre vie : ah ! notre honneur nous est bien d’un autre prix que notre vie. Si vous n’avez pas la force d’arrêter les saillies d’un orateur emporté, indiquez-nous du moins quelque tribunal plus juste que le vôtre. Que savons-nous si vous n’avez pas partagé le barbare plaisir que l’on vient de donner à nos parties, si vous n’avez pas joui de notre désespoir, et si ce que nous vous reprochons comme une faiblesse, nous ne devons pas plutôt vous le reprocher comme un crime ? »
Avocats, nous n’aurions jamais la force de soutenir de si cruels reproches, et il ne serait jamais dit que vous auriez été plus prompts à manquer aux premiers devoirs, que nous à vous les faire connaître.
Procureurs, vous devez trembler tous les jours de votre vie sur votre ministère. Que dis-je ? vous devez nous faire trembler nous-mêmes. Vous pouvez à tous moments nous fermer les yeux sur la vérité, nous les ouvrir sur des lueurs et des apparences. Vous pouvez nous lier les mains, éluder les dispositions les plus justes et en abuser ; présenter sans cesse à vos parties la justice, et ne leur faire embrasser que son ombre ; leur faire espérer la fin, et la reculer toujours ; les faire marcher dans un dédale d’erreurs. Pour lors, d’autant plus dangereux que vous seriez plus habiles, vous feriez verser sur nous-mêmes une partie de la haine. Ce qu’il y aurait de plus triste dans votre profession, vous le répandriez sur la nôtre ; et nous deviendrions bientôt les plus grands criminels après les premiers coupables. Mais que n’ennoblissez-vous votre profession par la vertu qui les orne toutes ? Que nous serions charmés de vous voir travailler à devenir plus justes que nous ne le sommes ! Avec quel plaisir vous pardonnerions-nous cette émulation ! et combien nos dignités nous paraîtraient-elles viles auprès d’une vertu qui vous serait chère !
Lorsque plusieurs de vous ont mérité l’estime de la cour, nous nous sommes réjouis des suffrages que nous leur avons donnés : il nous semblait que nous allions marcher dans des sentiers plus sûrs ; nous nous imaginions nous-mêmes avoir acquis un nouveau degré de justice.
Nous n’aurons point, disions-nous, à nous défendre de leurs artifices ; ils vont concourir avec nous à « l’œuvre du jour, » et peut-être verrons-nous le temps où le peuple sera délivré de tout fardeau. Procureurs, vos devoirs touchent de si près les nôtres, que nous, qui sommes préposés pour vous reprendre, nous vous conjurons de les observer. Nous ne vous parlons point en juges ; nous oublions que nous sommes vos magistrats : nous vous prions de nous laisser notre probité, de ne nous point ôter le respect des peuples, et de ne nous point empêcher d’en être les pères 8 .
1 Lib. Reg., I, XII, 3.
2 En sa qualité de noble, Montesquieu se croit descendu des Germains, conquérants de la Gaule.
3 Psaume CXXXVIII, v. 32.
4 Isaie, XLIII, 24.
5 Marie Leczinska. Ce discours fut prononcé dans le temps du mariage du roi.
6 Le duc de Bourbon.
7 Amos, VI, V, 13.
8 Sur le succès de ce discours voyez l’Histoire de Montesquieu de M. Vian. Paris, 1877, page 36.