PROJET D’UNE HISTOIRE PHYSIQUE DE LA TERRE ANCIENNE ET MODERNE

1749

On travaille à Bordeaux à donner au public l’Histoire de la terre ancienne et moderne, et de tous les changements qui lui sont arrivés, tant généraux que particuliers, soit par les tremblements de terre, inondations, ou autres causes, avec une description exacte des différents progrès de la terre et de la mer, de la formation et de la perte des îles, des rivières, des montagnes, des vallées, lacs, golfes, détroits, caps, et de tous leurs changements, des ouvrages faits de main d’homme qui ont donné une nouvelle face à la terre, des principaux canaux qui ont servi à joindre les mers et les grands fleuves, des mutations arrivées dans la nature du terrain et la constitution de l’air, des mines nouvelles ou perdues, de la destruction des forets, des déserts formés par les pestes, les guerres et les autres fléaux, avec la cause physique de tous ces effets, et des remarques critiques sur ceux qui se trouveront faux ou suspects.

On prie les savants dans les pays desquels de pareils événements seront arrivés, et qui auront échappé aux auteurs, d’en donner connaissance : on prie aussi ceux qui en auront examiné qui sont déjà connus, de faire part de leurs observations, soit qu’elles démentent ces faits, soit qu’elles les confirment. Il faut adresser les mémoires à M. de Montesquieu, président au parlement de Guienne, à Bordeaux, rue Margaux, qui en payera le port ; et si les auteurs se font connaître, on leur rendra de bonne foi toute la justice qui leur est due.

On les supplie, par l’amour que tous les hommes doivent avoir pour la vérité, de ne rien envoyer légèrement, et de ne donner pour certain que ce qu’ils auront mûrement examiné. On avertit même qu’on prendra toutes sortes de mesures pour ne se point laisser surprendre, et que, dans les faits singuliers et extraordinaires, on ne s’en rapportera pas au témoignage d’un seul, et qu’on les fera examiner de nouveau 1 .

1 Voyez le Journal des Savants, année 1719, page 159, et le Mercure de janvier 1719.

Nous n’avons aucune connaissance de l’exécution de ce projet, mais Montesquieu y a travaillé longtemps. (Note des éditeurs des Œuvres posthumes. 1 vol. in-12. Paris, 1798, p. 73.)

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