CHAPITRE V. CONTINUATION DU MÊME SUJET.

L’argent tiré des mines de l’Amérique, transporté en Europe, de là encore envoyé en Orient, a favorisé la navigation de l’Europe : c’est une marchandise de plus que l’Europe reçoit en troc de l’Amérique, et qu’elle envoie en troc aux Indes. Une plus grande quantité d’or et d’argent est donc favorable lorsqu’on regarde ces métaux comme marchandise : elle ne l’est point lorsqu’on les regarde comme signe, parce que leur abondance choque leur qualité de signe, qui est beaucoup fondée sur la rareté 1 .

Avant la première guerre Punique, le cuivre était à l’argent comme 960 est à 1 2  ; il est aujourd’hui à peu près comme 73½ est à 1 3 . Quand la proportion serait comme elle était autrefois, l’argent n’en ferait que mieux sa fonction de signe 4 .

1 Quand l’argent est abondant, le prix des choses s’élève ; il faut plus d’argent pour payer chaque chose ; quand l’argent est rare, le prix des choses baisse, parce qu’il y a plus de choses que d’argent ; c’est la loi de l’offre et de la demande qui régit toutes les ventes et tous les achats. La qualité de signe n’y est pour rien.

2 Voyez ci-après XXII, c. XII. (M.)

3 En supposant l’argent à 40 livres le marc, et le cuivre à 20 sols la livre. (M.) Il semble qu’il faudrait dire : le cuivre était à l’argent comme 1 est à 160 ; il est aujourd’hui comme 1 à 73 1/2.

4 Comme les marchandises suivraient toujours la même proportion, l’argent n’en ferait sa fonction de signe, ni plus, ni moins bien. (LUZAC.)

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