Du temps de Charlemagne 1 , on était obligé, sous de grandes peines, de se rendre à la convocation, pour quelque guerre que ce fût ; on ne recevait point d’excuses ; et le comte qui aurait exempté quelqu’un, aurait été puni lui-même. Mais le traité des trois frères mit là-dessus une restriction 2 , qui tira, pour ainsi dire, la noblesse de la main du roi 3 : on ne fut plus tenu de suivre le roi à la guerre, que quand cette guerre était défensive. Il fut libre, dans les autres, de suivre son seigneur, ou de vaquer à ses affaires. Ce traité a se rapporte à un autre, fait cinq ans auparavant entre les deux frères Charles le Chauve et Louis, roi de Germanie, par lequel ces deux frères dispensèrent leurs vassaux de les suivre à la guerre, en cas qu’ils fissent quelque entreprise l’un contre l’autre ; chose que les deux princes jurèrent, et qu’ils firent jurer aux deux armées 4 .
La mort de cent mille Français à la bataille de Fontenay, fit penser à ce qui restait encore de noblesse 5 que, par les querelles particulières de ses rois sur leur partage, elle serait enfin exterminée ; et que leur ambition et leur jalousie ferait verser tout ce qu’il y avait encore de sang à répandre. On fit cette loi, que la noblesse ne serait contrainte de suivre les princes à la guerre, que lorsqu’il s’agirait de défendre l’État contre une invasion étrangère. Elle fut en usage pendant plusieurs siècles 6 .
1 Capitul. de l’an 802, art. 7, édit. de Baluze, p. 365. (M.)
2 Apud Marsnam, l’an 847, édition de Baluze, p. 42. (M.)
3 Volumus ut cujuscmque nostrum homo, in cujuscumque regno sit, cum seniore suo in hostem, vel aliis suis utilitatibus, pergat ; nisi talis regni invasio quam Lamtuveri dicunt, quod absit, acciderit, ut omnis populus illius regni ad eam repellendam communiter pergat. Art. 5, ibid., p. 44. (M.)
a Toute cette phrase a été ajoutée dans la dernière édition.
4 Apud Argentoratum, dans Baluze, Capitulaires, tome II, p. 39. (M.)
5 Effectivement, ce fut la noblesse qui fit ce traité. Voyez Nitard, liv. IV. (M.)
6 Voyez la loi de Guy, roi des Romains, parmi celles qui ont été ajoutées à la loi salique et à celle des Lombards, tit. VI, § 2, dans Échard. (M.)