CHAPITRE XIV. QU’IL NE FAUT POINT SÉPARER LES LOIS DES CIRCONSTANCES DANS LESQUELLES ELLES ONT ÉTÉ FAITES.

Une loi d’Athènes voulait que, lorsque la ville était assiégée, on fit mourir tous les gens inutiles 1 . C’était une abominable loi politique, qui était une suite d’un abominable droit des gens. Chez les Grecs, les habitants d’une ville prise perdaient la liberté civile, et étaient vendus comme esclaves ; la prise d’une ville emportait son entière destruction ; et c’est l’origine non-seulement de ces défenses opiniâtres et de ces actions dénaturées, mais encore de ces lois atroces que l’on fit quelquefois.

Les lois 2 romaines voulaient que les médecins pussent être punis pour leur négligence ou pour leur impéritie. Dans ce cas, elles condamnaient à la déportation le médecin d’une condition un peu relevée, et à la mort celui qui était d’une condition plus basse. Par nos lois il en est autrement. Les lois de Rome n’avaient pas été faites dans les mêmes circonstances que les nôtres : à Rome, s’ingérait de la médecine qui voulait ; mais, parmi nous, les médecins sont obligés de faire des études et de prendre certains grades ; ils sont donc censés connaître leur art 3 .

1 Inutilis œtas occidatur, Syrian., in Hermog. (M.)

2 La loi Cornelia, De sicariis ; Intit. liv. IV, tit. III, De lege Aquiliâ, §. 7. (M.)

3 Cela n’empêche point qu’en cas de faute lourde, ils puissent être responsables. La jurisprudence s’est plusieurs fois prononcée en ce sens.

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