LETTRE CXLII.

A M. CHARLES BONNET, DE LA SOCIÉTÉ ROYALE 1

[A GENÈVE ].

Je vous suis infiniment obligé, monsieur, de votre lettre du 1er avril. J’ai vu par l’exposé de votre situation que l’eau pour les yeux dont je vous parlai, ne pouvait que vous être nuisible parce qu’elle est un peu astringente. Ce que vous me mandez de l’habileté de M. Adrien ne me surprend pas. J’étais déjà prévenu sur cet homme celèbre, et si je me détermine à me faire faire l’opération, chose à laquelle je ne me résoudrai que lorsque je n’y verrai plus, je compte bien me servir de lui. J’ai reçu le petit ouvrage de M. de Beaumont, dont j’ai été extrêmement content. A l’égard de la première définition que je donne des lois, où je parle de la signification la plus étendue qu’elles puissent avoir, je crois que nous pensons tous deux la même chose. Je garde mon expression parce qu’il me semble que les lois de l’universalité des êtres ne sont des conséquences de rien, mais produisent des conséquences sans nombre.

M. de la Condamine a lu à l’Académie de Paris une dissertation sur l’inoculation qui a été regardée comme une chose sans réplique.

Je suis bien aise que vos yeux aillent mieux, et j’ai monsieur, l’honneur d’être, avec les sentiments de la plus parfaite estime, votre très-humble et obéissant serviteur.

A Paris, ce 6 mai 1754.

1 V. les notes de la lettre adressée au même Charles Bonnet le 20 février 1754. Sup., p. 424.

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