LETTRE LXXVIII.

A M. HUME.

Monsieur, j’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire du 16 juillet, et il ne m’a pas été possible de la lire qu’aujourd’hui, à cause d’une grande fluxion sur les yeux, et que, n’ayant point actuellement de secrétaire anglais, je ne pouvais me la faire lire. J’étais prêt à y faire réponse quand M. Lemosnier est entré chez moi, et m’a parlé de l’honneur qu’on veut faire à mon livre, en Écosse, de l’y imprimer, et m’a dit ce que vous m’avez déjà appris par votre lettre. Je suis très-obligé, à vous, Monsieur, et à M. Alexandre, de la peine que vous avez prise. Je suis convenu avec M. Lemosnier que je ferai faire une copie des corrections que j’ai envoyées en Angleterre et à Paris de la première édition de Genève, en 2 volumes in-4º, qui est très fautive, et qu’il se chargerait de les envoyer.

J’ai reçu, Monsieur, les exemplaires de vos beaux ouvrages que vous avez eu la bonté de m’envoyer, et j’ai lu avec un très-grand plaisir l’Essai sur l’Esprit humain qui ne peut partir que d’un esprit extrêmement philosophique. Tout ceci est rempli de belles idées, et je vous remercie du plaisir que la lecture m’en a fait.

A l’égard de la citation des Lettres persanes, il vaut autant que mon nom y soit que celui des autres, et cela n’est d’aucune conséquence.

La réputation de M. le docteur Middleton 1 est certainement venue jusqu’à nous :

Notior ut jam sit canibus non Delia nostris.

Et j’espère bien me procurer l’avantage de lire les ouvrages dont vous me parlez. Je sais que M. de Middleton est un homme éminent. J’ai, Monsieur, l’honneur d’être, etc.

Paris, 3 septembre 1749.

Je vous prie, Monsieur, de vouloir bien faire mes compliments très-humbles à M. Stewart 2  ; il ferait bien de venir nous revoir cet automne prochain.

1 Middleton (1(583-1750), auteur d’une Vie de Cicéron, qui a eu une grande réputation.

2 Le Stuart de la lettre LXIV.

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