LETTRE LXXXI.

AU CHEVALIER D’AYDIES 1 .

Mon cher chevalier, que prétendez-vous faire ? Ne voulez-vous point revenir de votre Périgord ? On ne peut aller là que pour manger des truffes. Vous nous laissez ici ; nous vous aimons ; vous êtes un philosophe insupportable.

Je reçois quelquefois des nouvelles de Mme de Mirepoix, qui me dit toujours de vous faire ses compliments. Il y a ici une grande stérilité en fait de nouvelles. Je ne puis vous dire autre chose si ce n’est que les opéras et les comédies 2 de Mme de Pompadour vont commencer, et qu’ainsi M. le duc de la Vallière va être un des premiers hommes de son siècle ; et comme on ne parle ici que de comédies ou de bals 3 , Voltaire jouit d’une faveur particulière ; on prétend que le jour qu’il doit donner son Catilina 4 , il donnera une Électre ; j’y consens. Les du Châtel sont ici. M. de Forcalquier se porte en général très-bien. Je vous prie de me conserver toujours votre amitié que j’adore, et d’agréer mon respect infmi.

De Paris, ce 24 novembre 1749.

1 Lettres originales de Montesquieu au chevalier d’Aydie. Paris, an V (août 1797). chez Ch. Pougens.

2 Œuvres posthumes, « les opéras et comédies ».

3 Œuvres posthumes, « de comédies et de bals ».

4 Œuvres posthumes : « On prétend que le jour qu’il doit donner son Catilina, au lieu de donner un Catilina, il donnera une Électre.  »

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