XXI. – C. Pline salue son cher Velius Cerialis

Malheur des Helvidies.

Quelle fin déplorable et prématurée que celle des sœurs Helvidia ! Toutes deux sont mortes à la suite de couches, toutes deux après avoir mis au monde une fille. J’en suis profondément affligé, et pourtant ma douleur n’a rien d’excessif, tant il me paraît cruel de voir des jeunes femmes si distinguées enlevées dans la fleur de l’âge par la maternité. Je plains le sort de ces petites filles, privées de leur mère dès l’instant de leur naissance, je plains des maris excellents, je me plains aussi moi-même. Car je garde la plus fidèle amitié au père de ces jeunes femmes même après sa mort, comme l’ont attesté mon plaidoyer et mes écrits  ; de ses trois enfants il n’en reste plus qu’un, laissé seul pour soutenir aujourd’hui sa maison naguère solidement établie sur ses trois piliers. Ce sera cependant un grand adoucissement et un apaisement à ma douleur, si celui-là du moins la fortune nous le conserve fort et vigoureux, et digne de son noble père, digne de son noble aïeul. Mais je tremble d’autant plus pour sa vie et pour son caractère, qu’il est aujourd’hui l’unique rejeton. Vous qui connaissez la faiblesse de mon cœur, quand il s’agit des personnes que j’aime, vous qui connaissez mes alarmes, vous ne devrez pas être surpris que j’éprouve tant de crainte pour celui en qui j’ai mis tant d’espoirs. Adieu.

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