Opinion de Pline sur son Panégyrique de Trajan.
Voici le discours que j’ai adressé naguère au meilleur des princes pour le remercier de mon consulat, je vous l’envoie sur votre demande expresse, mais je vous l’aurais envoyé, même si vous ne l’aviez pas demandé ; ne considérez pas moins, je vous prie, la difficulté que la beauté du sujet. Dans les autres en effet l’attention du lecteur est soutenue par la nouveauté même, dans celui-ci tout est connu, banal, rebattu. Dès lors, le lecteur ayant pour ainsi dire tout loisir et toute tranquillité, ne s’occupe que du style, où il est plus difficile de donner satisfaction, quand il est seul l’objet de la critique. Plût aux dieux que l’on s’arrêtât du moins en même temps au plan, aux transitions, aux figures. Car une invention brillante, un style magnifique sont quelquefois le fait même des ignorants, mais une disposition judicieuse, des figures variées n’appartiennent qu’aux esprits cultivés. D’ailleurs on ne doit pas toujours viser à l’élévation et au sublime ; car, comme dans la peinture rien ne donne plus d’éclat à la lumière que les ombres, de même dans le discours il convient de baisser aussi bien que de hausser le ton. Mais que vais-je dire à un maître ? Ceci, bien plutôt : annotez ce qui, à votre goût, demande correction. Ce sera le moyen de mieux me persuader que vous approuvez le reste, si je vois que quelques parties encourent votre désapprobation. Adieu.