XII. – C. PLINE SALUE SON CHER MINICIANUS.

La reconnaissance.

Je me donne vacances pour aujourd’hui seulement ; Titinius Capito doit faire une lecture publique et c’est pour moi un devoir autant qu’un plaisir de l’entendre. C’est un homme éminent et qu’on doit regarder comme un des principaux ornements de notre siècle. Il cultive les lettres, il aime ceux qui s’y adonnent, il les aide, il les pousse ; pour beaucoup de ceux qui écrivent, il est un port, un asile, des bras ouverts, pour tous un exemple, enfin pour les lettres elles-mêmes, tombées en décadence, un restaurateur et un réformateur. Il offre sa maison à ceux qui donnent des lectures, il fréquente les salles de lecture, même hors de chez lui, avec une admirable complaisance ; quant aux miennes, sûrement il n’y a jamais manqué, s’il se trouvait à la ville. Il serait donc d’autant plus honteux pour moi de ne pas lui rendre la pareille, quand j’ai des motifs si pressants de le faire. N’est-ce pas que, si j’étais pressé par un procès, je me croirais obligé envers celui qui m’accompagnerait à l’audience ? Et maintenant que ma seule affaire, mon unique souci est celui des lettres, je serais moins obligé envers celui qui m’assiste avec tant d’empressement, dans le cas où l’on peut, je ne dirai pas exclusivement, mais à coup sûr le mieux m’obliger ! Même si je ne lui devais aucun retour, aucune réciprocité, dirai-je, de bons offices, je cèderais cependant à l’attrait soit de son talent si grand, si noble, si doux dans son austérité, soit de son sujet si beau. Il écrit la fin d’hommes illustres, dont quelques-uns m’ont été très chers. Je crois donc accomplir un pieux devoir, à l’égard de ceux dont il ne m’a pas été permis de suivre les obsèques, en assistant à ces sortes d’oraisons funèbres, tardives certes, mais d’autant plus sincères. Adieu.

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