La convalescence.
En pensant à votre affection pour votre nièce, plus tendre même que celle d’une mère pour sa fille, je sens qu’il faut vous donner d’abord les nouvelles que je devrais vous donner après, afin qu’une joie anticipée ne laisse plus de place à l’inquiétude. J’ai peur cependant que même après vous être félicitée vous ne retombiez dans la crainte, et que tout en vous réjouissant de savoir votre nièce hors de danger, vous ne frémissiez d’apprendre qu’elle a été en péril. Enfin sa gaieté renaît, enfin, rendue à elle-même et à moi, elle commence à reprendre ses forces et à remonter dans sa convalescence la pente dangereuse qu’elle avait descendue. Car elle a couru un très grand danger – que cette parole ne nous soit pas funeste ! – et elle l’a couru non par sa faute, mais un peu par celle de son âge. De là sa fausse couche et la triste expérience d’une grossesse qu’elle ignorait. Ainsi, quoiqu’il ne vous soit pas donné d’adoucir le regret que vous cause la perte d’un frère, par la naissance de son petit-fils ou de sa petite-fille, souvenez-vous que ce bonheur est différé plutôt que perdu, puisque nous conservons celle de qui nous pouvons l’attendre. Excusez aussi auprès de votre père ce malheur, que les femmes sont toujours plus disposées à pardonner. Adieu.