Les amusements frivoles.
J’ai passé tous ces derniers temps entre mes tablettes et mes livres dans la plus douce tranquillité. « Comment, dites-vous, est-ce possible à Rome ? » On donnait les jeux du cirque, et ce genre de spectacle ne m’intéresse nullement. Je n’y vois rien de nouveau, rien de varié, rien qu’il ne suffise d’avoir vu une fois. Je trouve d’autant plus étrange ce désir si puéril que tant de milliers d’hommes éprouvent de revoir de temps en temps des chevaux qui courent et des cochers assis sur des chars. Si encore on était attiré par la rapidité des chevaux ou l’adresse des cochers, il y aurait un semblant de motif à cette passion ; mais c’est la casaque qu’on acclame, la casaque qu’on aime, et, si en pleine course et au milieu même de la lutte une couleur prenait la place d’une autre et réciproquement, les vœux et les acclamations changeraient de camp, et tout à coup on délaisserait les conducteurs fameux, les fameux chevaux, qu’on reconnaît de loin, dont on ne cesse de crier les noms. Telle est la faveur, telle est la considération qu’obtient une vile tunique, je ne dis pas chez la populace, plus vile encore que la tunique, mais chez quelques hommes sérieux. Quand je songe que c’est un spectacle si futile, si niais, si uniforme, dont la soif insatiable les tient sur leurs sièges, je goûte un certain plaisir à ne pas goûter ce plaisir. Et c’est avec bonheur que je consacre mes loisirs aux lettres pendant ces jours, que d’autres perdent dans les plus frivoles occupations. Adieu.