XXII. – C. PLINE SALUE SON CHER SEVERUS.

Le parent de Properce.

J’ai ressenti une vive inquiétude de la maladie de Passienus Paulus, et pour des raisons aussi nombreuses que légitimes. C’est un homme excellent, d’une grande vertu, et plein d’amitié pour moi ; en outre dans les lettres il rivalise avec les anciens, les fait revivre, nous les rend, surtout Properce, dont il tire son origine, dont il est le véritable descendant et auquel il ressemble surtout dans ce que ce grand poète a de meilleur. Prenez ses élégies et vous lirez des vers élégants, tendres, agréables, et réellement écrits dans la maison de Properce. Depuis peu il s’est tourné vers la poésie lyrique, dans laquelle il reproduit Horace, avec autant de bonheur que dans l’autre genre il imitait l’autre poète. On le croirait, si la parenté a quelque valeur dans les lettres, proche parent aussi d’Horace. Beaucoup de variété, beaucoup de mobilité ; il dépeint l’amour comme le sincèrement épris, la douleur en homme désolé, il loue comme les plus bienveillants, il badine comme les plus spirituels, en chaque genre enfin il atteint la perfection, comme s’il n’en cultivait qu’un. C’est pour un ami si cher, pour un si grand talent, que j’étais non moins malade d’esprit que lui de corps ; mais enfin il m’est rendu, je suis rendu à moi-même. Félicitez-moi, félicitez aussi les lettres mêmes auxquelles son péril a fait courir autant de danger, que son salut leur vaudra de gloire. Adieu.

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