XXI. – C. PLINE SALUE SON CHER SABINIANUS.

Le pardon.

Votre affranchi, contre lequel vous disiez que vous étiez irrité, est venu à moi et se jetant à mes pieds comme il l’eût fait aux vôtres, il s’y tient attaché. Beaucoup de larmes, beaucoup de prières, beaucoup même de silence ont fini par me convaincre de son repentir. Vraiment je le crois corrigé, parce qu’il sent qu’il a commis une faute.

Vous êtes fâché, je le sais, et vous êtes fâché avec raison, je le sais aussi ; mais jamais la douceur n’est plus estimable que quand la colère a de plus justes motifs. Vous avez aimé cet homme, et, je l’espère, vous l’aimerez encore ; en attendant il suffit que vous vous laissiez fléchir. Vous pourrez vous fâcher de nouveau, s’il le mérite, et après vous être laissé fléchir, vous serez plus excusable. Accordez quelque chose à sa jeunesse, accordez-le à ses larmes, accordez-le à votre bonté naturelle. Ne le tourmentez plus, ne vous tourmentez plus vous-même ; car c’est vous tourmenter, vous d’un caractère si doux, que de vous fâcher.

Je crains de vous paraître non pas prier, mais exiger, si à ses prières je joins les miennes. Je les joindrai pourtant avec d’autant plus de force et d’instances, que je l’ai réprimandé lui-même avec plus de vigueur et de sévérité, l’ayant menacé nettement de ne jamais plus intercéder en sa faveur. Mais cette menace était pour lui qu’il fallait intimider, non pas pour vous, car il m’arrivera peut-être encore d’implorer, encore d’obtenir grâce, pourvu que le cas soit de nature à rendre honorable pour moi de prier, pour vous d’exaucer. Adieu.

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