La critique indulgente.
S’il vaut mieux exceller en une chose que d’être médiocre en plusieurs, du moins vaut-il mieux être médiocre en plusieurs, quand on ne peut exceller en une seule. Guidé par cette règle je m’essaye dans divers genres de travaux, n’ayant confiance en mes forces pour aucun. Ainsi quand vous lirez de moi ceci ou cela, vous serez indulgent pour chaque ouvrage en pensant qu’il n’est pas le seul. Est-il juste, puisque dans les autres arts la quantité est une excuse de la médiocrité, que les lettres subissent une loi plus dure, quand le succès y est plus difficile ? Mais qu’ai-je besoin de parler d’indulgence comme un ingrat ? Car si vous accueillez mes derniers ouvrages avec la même complaisance que les premiers, ce sont des éloges que j’ai à espérer plutôt que l’indulgence à implorer. Je me contenterais cependant de l’indulgence. Adieu.