Un doute à éclaircir.
Tirez-moi d’embarras ; on me dit que je lis mal, du moins les vers ; car, pour les discours, j’y suis convenable, mais c’est justement une raison pour l’être beaucoup moins dans les vers. Je songe donc, pour une lecture que je veux faire devant quelques amis en toute familiarité, à essayer mon affranchi . C’est aussi beaucoup de familiarité que d’avoir choisi un lecteur, non pas habile, mais meilleur que moi, je le sais, pourvu qu’il ne se trouble pas ; car il est aussi nouveau lecteur, que je suis nouveau poète. Quant à moi, je ne sais quelle attitude prendre, pendant qu’il lira ; resterai-je assis, les yeux baissés, muet, avec l’air indifférent, ou bien, comme certains, accompagnerai-je son débit d’un murmure, des yeux, du geste ? Mais je crois que je sais aussi peu mimer que lire. Je vous le répète donc, tirez-moi d’embarras, et répondez-moi en toute franchise s’il vaut mieux lire très mal, que de faire ou de ne pas faire ce que je vous ai dit. Adieu.