XXX. – C. PLINE SALUE SON CHER GENITOR.

Pline et ses fermiers.

Je suis désolé que vous ayez perdu un élève, comme vous l’écrivez, qui donnait les plus hautes espérances. Que sa maladie et sa mort aient dérangé vos travaux littéraires, comment pourrais-je ne pas le comprendre, alors que vous mettez tant d’exactitude à remplir tous vos devoirs, et que vous témoignez une affection si tendre à ceux que vous estimez ? Quant à moi, les soucis de la ville me poursuivent jusqu’ici. Beaucoup me prennent pour juge ou pour arbitre. Et puis ce sont des plaintes de paysans, qui usent amplement de leur droit de se faire entendre après une longue absence. Je suis pressé aussi par l’obligation de louer mes terres, nécessité fort ennuyeuse, tant il est rare de mettre la main sur de bons fermiers. Tout cela rend mes travaux bien précaires, je travaille cependant, car j’écris un peu et je lis. Mais quand je lis, la comparaison me fait sentir combien j’écris mal, quoique vous vous efforciez de relever mon courage, en comparant mon petit ouvrage pour venger Helvidius au discours de Démosthène contre Midias ; il est vrai qu’en composant mon opuscule, je l’ai eu entre les mains, non pas pour l’égaler (il y aurait eu de la témérité et presque de la folie), mais du moins pour l’imiter et marcher sur ses traces, autant que le permettaient la distance des talents, la distance du plus grand au plus humble, ou la différence des causes. Adieu.

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