Dispute entre Népos et Celsus.
Je vous ai écrit que Varenus avait obtenu le droit d’obliger ses témoins à se présenter ; le plus grand nombre ont trouvé cette décision juste, quelques-uns l’ont jugée injuste et se sont entêtés dans leur opinion, en particulier Licinius Nepos qui, à la séance suivante du sénat, quand il s’agissait d’autres affaires, a parlé du dernier sénatus-consulte et a repris une question jugée. Il a même ajouté qu’il fallait inviter les consuls à proposer au sénat de conformer la loi de restitution à la loi sur la brigue, en décidant qu’à l’avenir on ajouterait à cette loi une disposition qui accorderait aux accusés aussi, le droit que cette loi reconnaît aux accusateurs de faire une enquête et d’obliger leurs témoins à se présenter. Il y en eut à qui ce discours déplut comme tardif, inopportun et hors de propos, puisque ayant laissé passer le moment de s’y opposer, il critiquait une décision prise qu’il aurait pu prévenir. Et le préteur Juventius Celsus lui reprocha avec abondance et avec force de s’ériger en censeur du sénat. Nepos répondit, Celsus répliqua et ni l’un ni l’autre ne s’abstint des injures. Je ne veux pas répéter ce que j’ai déjà eu de la peine à leur entendre dire. Je n’en ai que plus vivement blâmé ceux de nos sénateurs qui couraient de Celsus à Nepos, selon que l’un ou l’autre parlait, qui feignaient tantôt de les exciter et de les enflammer, tantôt de les apaiser et de les réconcilier, et qui invoquaient la protection de César le plus souvent pour un seul, quelquefois même pour tous les deux, comme dans un spectacle du cirque. Mais ce qui m’a laissé le plus d’amertume c’est qu’ils s’étaient prévenus de leurs intentions. Car Celsus lut sur un écrit sa réponse à Nepos et Nepos lut la sienne à Celsus sur des tablettes. L’indiscrétion de leurs amis avait été telle que ces hommes disposés à se disputer savaient réciproquement tout le détail de leur querelle, comme si elle eût été concertée. Adieu.