XXI. – C. PLINE SALUE SON CHER CANINIUS.

Succès de Verginius Romanus dans le genre comique.

Je suis de ceux qui admirent les anciens, sans cependant mépriser, comme certains, les talents de notre époque. Car il n’est pas vrai que la nature, comme si elle était lassée et épuisée, n’enfante plus rien d’estimable. En voici une preuve : je viens d’entendre Vergilius Romanus qui lisait à quelques amis une comédie écrite sur le modèle de la comédie ancienne et si bien réussie, qu’elle pourra un jour servir de modèle. Je ne sais si vous connaissez Romanus, cependant vous devez le connaître, car la pureté de ses mœurs, la finesse de son esprit, la variété de ses ouvrages le font remarquer. Il a écrit des mimes en vers iambiques pleins de légèreté, de vivacité, de grâce et même éloquents dans leur genre (car il n’est pas de genre qui, porté à sa perfection, ne puisse être appelé éloquent) ; il a écrit des comédies dans lesquelles il rivalise avec Ménandre et les autres poètes de la même époque. On pourrait les ranger parmi celles de Plaute et de Térence. Il vient pour la première fois de se montrer dans la comédie ancienne, mais non pas comme un débutant. Il ne lui a manqué ni force, ni grandeur, ni délicatesse, ni mordant, ni douceur, ni grâce ; il a donné de l’attrait à la vertu, et flagellé le vice, il a usé de noms d’emprunt avec goût, de noms vrais avec convenance. À mon égard seulement il a péché par un excès de bienveillance, mais quelque mensonge est permis aux poètes. Enfin je tâcherai de lui ravir sa pièce et je vous l’enverrai pour que vous la lisiez, ou plutôt, pour que vous l’appreniez par cœur ; car je suis sûr que vous ne la quitterez plus, une fois que vous l’aurez entre vos mains. Adieu.

Share on Twitter Share on Facebook