Honneurs dus à Trajan.
Vous me priez d’examiner quel honneur vous pourriez, à titre de consul désigné, proposer de décerner au prince. Il est facile de trouver, difficile de choisir, car ses vertus fournissent une ample matière. Je vous écrirai cependant mon avis, ou plutôt, comme je préférerais, je vous le donnerai de vive voix, après vous avoir exposé mes hésitations. Je ne sais si je dois vous conseiller le parti que j’ai pris moi-même autrefois. Désigné consul, je me suis abstenu de cette pratique , qui sans être une flatterie, en avait l’apparence ; je n’ai prétendu montrer ni indépendance, ni hardiesse ; mais je connaissais bien notre prince, et je savais que la plus belle louange à lui décerner, était d’éviter toute apparence d’honneur obligatoire. Je me rappelais aussi que les honneurs avaient été prodigués aux plus mauvais empereurs, et que l’on ne pouvait mieux distinguer le nôtre, qui est excellent, que par des propositions contraires. Je ne cachai pas d’ailleurs ma pensée et l’exprimai ouvertement, de peur de sembler agir ainsi non à dessein, mais par oubli. Telle fut alors ma conduite ; mais tout le monde n’a pas les mêmes idées, ni les mêmes convenances. D’ailleurs les raisons de prendre un parti ou un autre changent avec les personnes, les événements, les circonstances. Les récents travaux de notre grand prince offrent l’occasion de lui déférer des honneurs nouveaux éclatants, mérités. Voilà pourquoi je ne sais, ainsi que je vous l’ai dit en commençant, si je dois vous conseiller le parti que j’ai pris moi-même autrefois. Mais ce que je sais bien, c’est que je devais comme participation à votre délibération vous exposer ma propre conduite. Adieu.