Quand l’Automate est au moment de remuer une pièce, un mouvement distinct peut être aperçu juste au-dessous de l’épaule gauche, lequel mouvement fait trembler très-légèrement la draperie qui recouvre le devant de l’épaule gauche. Ce tremblement précède invariablement de deux secondes à peu près le mouvement du bras lui-même, et le bras ne se meut jamais, dans aucun cas, sans ce mouvement précurseur de l’épaule. Or, supposons que l’adversaire pousse une pièce, et que le coup correspondant soit exécuté par Maelzel, selon son habitude, sur l’échiquier de l’Automate ; supposons que l’adversaire surveille attentivement l’Automate jusqu’à ce qu’il découvre ce mouvement précurseur de l’épaule. Aussitôt qu’il a découvert ce mouvement et avant que le bras mécanique commence à se mouvoir, supposons qu’il retire sa pièce, comme s’il s’apercevait d’une erreur dans sa manœuvre ; on verra alors que le mouvement du bras, qui dans tous les autres cas, succède immédiatement au mouvement de l’épaule, et cette fois retenu, – n’a pas lieu, – quoique Maelzel n’ait pas encore exécuté sur l’échiquier de l’Automate le coup correspondant à la retraite de l’adversaire. Dans ce cas, il est évident que l’Automate allait jouer, – et que, s’il n’a pas joué, ç’a été un effet simplement produit par la retraite de l’adversaire, et sans aucune intervention de Maelzel.
Ce fait prouve nettement : – primo, que l’intervention de Maelzel, exécutant sur l’échiquier du Turc les coups de l’adversaire, n’est pas indispensable pour les mouvements du Turc ; secundo, que les mouvements de l’Automate sont réglés par l’esprit, par quelque personne pouvant apercevoir l’échiquier de l’adversaire ; tertio, que ses mouvements ne sont pas réglés par l’esprit de Maelzel, qui avait le dos tourné du côté de l’adversaire pendant que celui-ci opérait son mouvement de retraite.