LA THÉORIE DE FRESNEL.

Le meilleur exemple que l’on puisse choisir est la théorie de la lumière et ses rapports avec la théorie de l’électricité. Grâce à Fresnel, l’optique est la partie la plus avancée de la physique ; la théorie dite des ondulations forme un ensemble vraiment satisfaisant pour l’esprit ; mais il ne faut pas lui demander ce qu’elle ne peut nous donner.

Les théories mathématiques n’ont pas pour objet de nous révéler la véritable nature des choses ; ce serait là une prétention déraisonnable. Leur but unique est de coordonner les lois physiques que l’expérience nous fait connaître, mais que sans le secours des mathématiques nous ne pourrions même énoncer.

Peu nous importe que l’éther existe réellement, c’est l’affaire des métaphysiciens ; l’essentiel pour nous c’est que tout se passe comme s’il existait et que cette hypothèse est commode pour l’explication des phénomènes. Après tout, avons-nous d’autre raison de croire à l’existence des objets matériels ? Ce n’est là aussi qu’une hypothèse commode ; seulement elle ne cessera jamais de l’être, tandis qu’un jour viendra sans doute ou l’éther sera rejeté comme inutile.

Mais ce jour-là même, les lois de l’optique et les équations qui les traduisent analytiquement resteront vraies, au moins comme première approximation. Il sera donc toujours utile d’étudier une doctrine qui relie entre elles toutes ces équations.

La théorie des ondulations repose sur une hypothèse moléculaire ; pour les uns qui croient découvrir ainsi la cause sous la loi, c’est un avantage ; pour les autres, c’est une raison de méfiance ; mais cette méfiance me paraît aussi peu justifiée que l’illusion des premiers.

Ces hypothèses ne jouent qu’un rôle secondaire. On pourrait les sacrifier ; on ne le fait pas d’ordinaire parce que l’exposition y perdrait en clarté, mais cette raison est la seule.

En effet, si on y regardait de près, on verrait qu’on n’emprunte aux hypothèses moléculaires que deux choses : le principe de la conservation de l’énergie et la forme linéaire des équations qui est la loi générale des petits mouvements, comme de toutes les petites variations.

C’est ce qui explique pourquoi la plupart des conclusions de Fresnel subsistent sans changement quand on adopte la théorie électromagnétique de la lumière.

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