LXXV

Cette nuit-là même, une voiture attelée en poste sortit de Paris et prit la route des Flandres, emportant Dagobert, l’heureux capitaine, et Aurore, qui lui disait :

– Ah ! mon bon Dagobert, il y a si longtemps que je t’aime !

Quand cette voiture arriva à Saint-Denis, elle s’arrêta, et deux hommes s’approchèrent ; ces deux hommes étaient Polyte et Benoît.

– Voilà nos amis, dit Dagobert, nous les emmenons.

– Oh ! pas moi, répondit Polyte, emmenez Benoît, mais moi je reste.

Et Polyte tremblait et baissait les yeux en parlant ainsi.

– Et pourquoi restez-vous, mon ami ? lui dit Aurore en lui tendant la main.

Polyte frissonna et n’osa toucher cette main de ses lèvres.

– Vous me demandez pourquoi je reste, citoyenne ? dit-il.

– Oui, mon ami.

– Parce que Bibi a besoin de moi.

– Bibi ?

– Dame ! fit naïvement le gamin de Paris, une belle dame comme vous ne peut pas être dans la misère, et il faut bien que la citoyenne Antonia vous rende votre fortune.

– Antonia ! exclama Aurore.

– Oui, dit Dagobert ; Antonia qui s’appelait autrefois Toinon la Bohémienne.

Aurore jeta un cri.

– Et il faudra bien qu’elle rende ce qu’elle a volé, Bibi l’a juré, acheva Polyte, et c’est un malin, notre ami Bibi.

Sur ces mots, le pauvre garçon se prosterna devant Aurore comme s’il eût voulu se faire pardonner son audace passée, et il s’éloigna ensuite, essuyant du revers de sa main ses yeux pleins de larmes.

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