XI

Le duc offrit sa main à la veuve et la conduisit jusqu’à sa voiture.

– Ne montez-vous pas ? lui dit-elle de sa voix la plus enchanteresse.

L’amoureux vieillard ne se le fit point répéter ; il s’élança avec une souplesse toute juvénile dans le carrosse et s’assit auprès de la veuve.

– Rue de la Pépinière, 40, dit-il au valet qui releva le marchepied et ferma la portière.

Madame Malassis attendait depuis fort longtemps, c’est-à-dire depuis le moment où le neveu du duc l’avait si impertinemment lorgnée, cette occasion de tête-à-tête avec son vieil adorateur.

– Mon cher duc, lui dit-elle au moment où le carrosse sortait de la cour, il y a réellement trop près de l’allée des Veuves à la rue de la Pépinière.

– Vous trouvez, chère âme ?

– Oui, aujourd’hui, du moins.

Le duc prit la main de la veuve et la baisa galamment.

– Vous êtes charmante, dit-il.

Mais madame Malassis allait droit au but :

– Trêve de compliments, dit-elle.

Et elle ajouta :

– Ordonnez donc à votre cocher de remonter l’avenue des Champs-Élysées, de sortir par la barrière de l’Étoile et d’aller jusqu’à Neuilly. La nuit est tiède, et j’ai une horrible migraine que le grand air dissipera.

– Vos désirs sont des lois, répondit le duc, qui transcrivit au cocher, par l’intermédiaire du valet de pied, les volontés de la veuve.

– Maintenant, reprit madame Malassis, permettez-moi, mon cher duc, de profiter de cette heure d’entretien que nous allons avoir pour vous donner une nouvelle qui vous étonnera peut-être…

– Oh ! oh ! fit le duc, vous m’intriguez.

– Cette nouvelle est celle de mon départ.

Madame Malassis avait articulé ces quelques mots avec un accent naturel et calme qui, cependant, produisit sur M. de Château-Mailly un foudroyant effet, et pendant dix secondes il demeura comme suffoqué et dans l’impossibilité de faire un geste ou de prononcer un mot qui peignît sa douloureuse stupéfaction.

– Oui, mon cher duc, reprit la veuve, je pars… demain matin.

– Vous… partez… murmura enfin M. de Château-Mailly avec l’accent d’un homme privé de sa raison. Pourquoi ? où allez-vous ?

– Je pars pour des raisons à moi connues, et ne puis dire le but de mon voyage.

Et madame Malassis ajouta en souriant :

– Vous voyez, mon pauvre duc, que vous n’êtes pas heureux dans vos questions. Précisément je n’y puis répondre.

– Madame, balbutia le vieillard saisi d’un tremblement nerveux subit et dont la voix s’altéra d’une manière effrayante, voulez-vous me tuer ?

Et il appuya sur ce dernier mot avec une intonation si vraie, que madame Malassis en tressaillit et comprit jusqu’à quel point elle était aimée.

– Moi, vous tuer… mon ami… dit-elle, êtes-vous fou ?

– Oh ! peut-être oui, je ne sais pas ; mais, au nom du ciel, Laure, ne me faites plus de ces atroces plaisanteries.

– Mon cher duc, répondit la veuve, je ne plaisante nullement. Mais je vous vois si étourdi, si stupéfait de la nouvelle de mon départ, que je ne puis avoir la cruauté de vous en cacher le motif.

– Ainsi… vous partez ?…

– Oui, demain matin.

– Et… où allez-vous ?

– Chut ! vous le saurez plus tard…

– Mais enfin… c’est peut-être un voyage de huit jours…

– Non, c’est un voyage d’un an ou deux, et je veux bien vous le dire, je vais en Italie.

M. de Château-Mailly croyait être en proie à un horrible rêve et se sentait défaillir.

– Je pars, poursuivit la veuve, pour me faire oublier un peu… à Paris.

– Vous… faire… oublier ?

– De vous, d’abord, dit-elle froidement.

Et comme le vieillard demeurait frappé de stupeur et ne trouvait plus un mot à répondre, madame Malassis continua :

– Quand une femme est compromise, comme moi, lorsqu’elle a commis une faute, si cette faute parvient au grand jour et demeure irréparable, cette femme n’a plus qu’une chose à faire, c’est de quitter le monde et de fuir… Et c’est ce que je fais, mon cher duc.

– Laure, Laure, balbutia le vieillard, devenu plus tremblant et plus timide qu’un enfant… au nom du ciel, expliquez-vous !

– Comment ! dit-elle avec une véhémence subite, vous ne comprenez pas ? Vous ne comprenez pas qu’il y a eu pour moi un jour fatal et maudit, où je me suis trouvée veuve, isolée, sans appui, considérant le monde à travers ma douleur, et le voyant semblable à une vaste solitude ? Qu’alors je vous ai rencontré, que j’ai eu la faiblesse impardonnable d’accepter d’abord cette amitié que vous m’offriez avec un si noble désintéressement…

La veuve s’arrêta comme dominée par son émotion.

M. de Château-Mailly se précipita sur ses mains et les porta à ses lèvres avec passion.

– Mon Dieu ! reprit-elle, j’ai été faible… j’ai été coupable… vous m’avez fait des promesses auxquelles j’ai eu le tort de croire, en ma naïveté… Hélas ! je paye trop chèrement aujourd’hui les suites d’une heure d’erreur pour ne point prendre un parti.

– Mais… madame… murmura le duc d’une voix entrecoupée, les promesses que je vous ai faites… je les tiendrai…

– Il est trop tard, monsieur, dit-elle d’un ton sec.

– Trop tard !…

– Oui, car tout Paris aujourd’hui… Mon Dieu ! je l’ai bien vu ce soir… chez la marquise… et votre impertinent neveu me l’a bien fait sentir…

– Mon neveu ! exclama le duc avec une colère subite.

– Oui, répondit-elle. Votre neveu m’a laissé entendre, le plus impertinemment du monde, que j’étais… Oh ! non, s’interrompit-elle en fondant en larmes… jamais je n’oserai prononcer ce mot.

– Madame, s’écria le vieux duc, affolé par cette douleur si naturellement jouée que tout le monde s’y fût trompé, mon neveu est un sot à qui j’apprendrai le respect qu’il doit à sa tante la duchesse de Château-Mailly.

Madame Malassis jeta un cri et tomba évanouie dans les bras de son vieil adorateur.

– Touche à l’hôtel ! cria M. de Château-Mailly au cocher.

Le cocher tourna bride, redescendit l’avenue des Champs-Élysées et gagna la place Beauvau, où se trouvait situé l’hôtel de Château-Mailly.

Madame Malassis était encore évanouie, et le vieux duc lui prodiguait inutilement ses soins lorsque le carrosse franchit la grille de l’hôtel.

À l’exception du suisse, du valet de chambre et d’un palefrenier, tous les domestiques étaient couchés à l’hôtel.

Il n’y eut donc que ces trois hommes qui virent M. de Château-Mailly rentrer chez lui avec une femme en robe de bal, évanouie, et qu’il paraissait beaucoup aimer, à en juger par sa figure bouleversée et ses exclamations de douleur.

– Vite, vite, ordonna-t-il, transportez madame dans la chambre de la duchesse… Qu’on appelle un médecin… ou plutôt, non, des sels, du vinaigre !

Le duc étouffait en parlant.

On transporta madame Malassis au premier étage, dans la chambre qu’avait longtemps occupée la feue duchesse de Château-Mailly. Là, le duc, amoureux et hors de lui, prodigua de tels soins à la veuve, l’appela de noms si tendres et d’une voix si brisée, qu’elle se décida à ouvrir les yeux et à promener autour d’elle un regard étonné.

– Ah ! enfin ! murmura le vieillard avec une explosion de joie, enfin, vous m’êtes rendue !

Elle le regarda et jeta un cri :

– Mon Dieu ! dit-elle, où suis-je ? où m’avez-vous conduite ? Mais parlez, monsieur, parlez, expliquez-vous ?

– Vous êtes chez moi, dit le duc.

– Chez vous !

Et elle se dressa épouvantée, et répéta avec l’accent de la folie :

– Chez lui ! je suis chez lui ! Ah ! je suis perdue !

– Vous êtes chez vous, madame, répéta le duc, chez vous et non plus chez moi, car, avant trois semaines, vous serez duchesse de Château-Mailly.

Madame Malassis jeta un nouveau cri, mais elle ne crut point, cette fois, devoir l’accompagner d’une nouvelle syncope.

– Non, non, dit-elle, cela n’est plus possible… Vous m’avez déshonorée.

Et comme il paraissait ne pas comprendre, la future duchesse lui dit avec amertume :

– Vous êtes fou et cruel, monsieur… car vous n’avez pas la prétention, j’imagine, de me ramener ici, en plein jour, au grand soleil, comme votre femme, après m’y avoir furtivement introduite de nuit, en présence de vos domestiques… Ah ! c’est alors, reprit-elle avec une ironie pleine de désespoir et qui acheva de faire perdre la tête au vieux duc, c’est alors que votre neveu aurait le droit de me dire nettement ce qu’il m’a laissé entendre aujourd’hui : « Mon oncle me vole son héritage en épousant sa maîtresse. »

Et madame Malassis, qui avait calculé l’effet subit de ces paroles et leurs conséquences les plus éloignées, se leva avec la dignité d’une reine offensée, s’enveloppa dans sa sortie de bal qu’elle aperçut sur une chaise, et salua le duc de la main :

– Adieu, monsieur… dit-elle, vous m’avez perdue… Je vous pardonne…

Elle fit deux pas et ajouta avec un soupir :

– Parce que je vous aimais… Adieu !…

Et elle sortit, laissant le duc foudroyé et hors d’état de courir après elle et de la retenir.

L’adroite veuve descendit rapidement l’escalier de l’hôtel, passa comme une ombre devant la loge du suisse et se trouva sur la place Beauvau, et par suite, dans le faubourg Saint-Honoré, en moins de cinq minutes.

Une autre que madame Malassis se serait contentée de prendre le duc au mot ; mais elle, elle savait son monde sur le bout du doigt, et n’était pas femme à jouer un rôle à demi. Il y avait environ deux ans que le duc soupirait à ses genoux ; il y avait un an qu’il avait parlé de l’épouser, mais faiblement d’abord et luttant contre force préjugés et force scrupules ; puis d’une façon moins évasive, à mesure que les liens dont la veuve l’enveloppait peu à peu se resserraient et se multipliaient.

Une seule considération arrêtait encore M. de Château-Mailly : l’énormité de la mésalliance…

Madame Malassis avait donc voulu frapper un grand coup, et la scène qui venait d’avoir lieu et que nous avons rapportée en était une preuve.

De la place Beauvau à la rue de la Pépinière, la distance était assez courte pour que la veuve se hasardât à la parcourir à pied, car, à trois heures du matin, dans le faubourg Saint-Honoré, on ne rencontre que fort rarement des voitures de place.

– Dans trois semaines, se dit-elle en s’éloignant d’un pas rapide, dans trois semaines, je serai duchesse de Château-Mailly. Si je ne m’étais pas évanouie, il était capable d’ajourner à trois mois ; si j’étais restée chez lui tout à l’heure j’étais perdue !

Et madame Malassis ajouta, avec un de ces sourires où l’âme d’une femme se révèle tout entière :

– Le duc a une clef du jardin. Dans une heure il sera chez moi.

La maison n° 40 de la rue de la Pépinière, qu’habitait madame Malassis, se composait d’un grand corps de logis donnant sur la rue, une véritable maison à locataires en un mot, et d’un pavillon situé au fond du jardin.

C’était ce pavillon que la veuve avait choisi pour demeure et où elle vivait avec trois domestiques, une cuisinière, une femme de chambre, un intendant, sorte de maître-jacques qu’elle avait depuis le matin seulement.

Ce dernier et la femme de chambre attendaient la veuve.

Bien qu’elle fût venue à pied, comme il faisait une belle nuit d’hiver bien sèche, on aurait pu croire que madame Malassis était rentrée en voiture.

Or, elle arrivait à trois heures du matin, en robe de bal, comme elle était partie. En route, elle avait fait disparaître toute trace de cette émotion passagère, pour ne pas dire simulée, dont le vieux duc avait été la dupe. Par conséquent ses gens ne pouvaient soupçonner aucunement qu’elle venait d’un tout autre lieu que de l’hôtel Van-Hop.

Le pavillon occupé par madame Malassis était grand, spacieux, confortablement meublé, et se composait d’un rez-de-chaussée et d’un premier étage.

Il avait deux portes :

L’une par laquelle on entrait habituellement, qui ouvrait sur un vestibule de marbre gris et noir et faisait face à la maison ;

L’autre, située au bas de l’escalier, donnait sur le jardin, et était masquée à demi par une charmille qui se prolongeait jusqu’au mur et aboutissait à une autre petite porte percée sur la rue Laborde, fort déserte en cet endroit non seulement la nuit, mais à toute heure du jour.

Cette porte était l’entrée particulière de madame Malassis, qui, cependant, ne s’en servait jamais en apparence du moins.

Cependant, cette porte avait deux clefs.

L’une de ces clefs était en la possession de la veuve.

L’autre appartenait à M. le duc de Château-Mailly.

Cette clef ouvrait non seulement la porte du jardin, mais encore celle du pavillon.

Or, très souvent, le soir, vers minuit, quand ce tranquille quartier de la rue Pépinière et des environs devenait désert, deux hommes se glissaient sans bruit dans la rue de Laborde.

L’un introduisait une clef dans la serrure, ouvrait la petite porte du jardin ; l’autre demeurait dans la rue à faire le guet.

Le premier se dirigeait, en suivant la charmille, vers le pavillon, pénétrait à l’intérieur et montait d’un pas juvénile l’escalier qui conduisait au premier étage, c’est-à-dire à l’appartement de madame Malassis.

Presque toujours il en ressortait au bout d’une heure, et retrouvait son compagnon dans la rue.

Ce compagnon, c’était le valet de chambre de M. le duc de Château-Mailly, le même qui s’était fait chasser de la veille au matin, et avait, par mégarde, emporté la clef du jardin.

Madame Malassis trouva en rentrant chez elle son nouveau domestique conversant paisiblement avec sa camériste.

Or, ce maître-jacques n’est autre que l’homme à visage étrange et dur, à stature athlétique, à épaules carrées, dont le regard semblait trahir les passions brutales, et que nous avons vu à la réunion des Valets-de-Cœur, présidée par Rocambole.

Comment cet homme à physionomie repoussante était-il parvenu à plaire à madame Malassis ? Grâce à une simple lettre de recommandation procurée par Rocambole et signée de l’un des noms les plus retentissants du faubourg Saint-Germain.

La marquise de…, recommandait chaudement le sieur Aventure, qui était demeuré dix ans chez elle comme cocher, et n’en sortait que parce qu’il était atteint d’un commencement d’ophtalmie qui ne lui permettait plus de conduire sûrement une voiture.

La prétendue marquise attribuait le visage peu avenant de son protégé à une maladie horrible dont il avait été victime durant sa jeunesse, et qui avait laissé la physionomie d’un bandit au plus honnête homme du monde.

Outre que cette lettre était très chaude, madame Malassis avait été touchée par la modicité des prétentions de maître Aventure, qui ne demandait que six cents francs de gage, la nourriture et le logement.

Donc, elle avait pris Aventure, qui était entré en fonctions le matin même.

D’ailleurs, et en dépit de sa laideur, le gros homme avait bien meilleure façon dans sa livrée bleue à retroussis écarlate que, deux jours auparavant, avec son habit noir, son gilet blanc et ses breloques en chrysocale.

La veuve le congédia en lui disant qu’il pouvait aller se reposer, et elle entra dans sa chambre à coucher où l’attendait un grand feu.

– Vite ! dit-elle à sa camériste en se jetant dans un grand fauteuil et se débarrassant de sa sortie de bal, cherche-moi une malle, des cartons, place tout cela au milieu de la chambre et entasses-y quelques chiffons à la hâte.

– Madame va faire un voyage ? demanda la femme de chambre étonnée de cet ordre.

– Non, mais je feins de partir.

La soubrette était rouée, elle regarda sa maîtresse d’un air fin.

– Madame attend M. le duc ? demanda-t-elle.

– Oui, répondit la veuve. Maintenant, c’est lui qui veut m’épouser…

– Et madame ne veut plus ?

– Justement.

– Alors, dit tranquillement la soubrette, je vais faire mon paquet, car je crois que je coucherai un de ces soirs à l’hôtel de Château-Mailly.

– C’est probable, murmura madame Malassis, qui, on le voit, avait fait sa confidente de sa femme de chambre, justifiant ainsi ce proverbe que « la vertu est de toutes les classes, comme le vice ; que la femme du meilleur monde peut faillir, mais que celle qui se confie à une servante est toujours une femme commune. »

La soubrette exécuta les ordres de sa maîtresse et entassa à la hâte quelques vêtements dans une malle, quelques dentelles dans un carton, et rangea deux chapeaux dans leur boîte.

Et la veuve, qui n’avait pas de secrets pour sa camériste, lui raconta de point en point ce qui s’était passé entre elle et le duc, depuis leur départ de l’hôtel Van-Hop.

La camériste, pour répondre à l’honneur d’une semblable confidence, écouta gravement sa maîtresse jusqu’au bout, et finit par émettre cet avis :

– Je ne me permettrai point de donner un conseil à madame ; mais si madame voulait me permettre une simple observation, j’oserais lui dire qu’il faut que madame ait tout à fait l’air de partir.

– C’est mon intention, ma fille.

– À la place de madame, j’écrirais à M. le duc une belle lettre d’adieu.

– Tiens ! fit madame Malassis, c’est une idée.

– Et j’aurais l’air de la terminer et de vouloir la cacher, lorsque M. le duc arrivera.

– Tu es une fille d’esprit… Va-t’en.

– Madame est trop bonne, répondit la femme de chambre en s’en allant.

Demeurée seule, madame Malassis se mit en devoir de suivre le conseil de sa servante, et, s’asseyant devant un joli pupitre en bois de rose qui supportait tout ce qu’il faut pour écrire, elle prit la plume et commença à tracer quelques lignes.

Mais en ce moment elle tressaillit et prêta l’oreille.

La nuit était silencieuse et l’on entendait les moindres bruits qui résonnaient dans l’espace.

Or, le grincement d’une clef dans une serrure, puis celui des gonds d’une porte étaient venus frapper l’oreille de la veuve.

– Le voici ! pensa-t-elle.

En effet, des pas criaient sur le sable de la charmille ; puis madame Malassis entendit ouvrir une seconde porte, puis des pas résonnèrent dans l’escalier.

Et madame Malassis continua à écrire.

On frappa deux coups à la porte de la chambre.

– Entrez ! dit la veuve.

Elle ne tourna point la tête, elle laissa son regard attaché sur le papier que la plume noircissait.

La porte s’ouvrit, un homme entra et s’arrêta sur le seuil.

Alors, persuadée qu’elle allait voir le visage pâle et bouleversé du vieux duc, la veuve repoussa sa lettre sous un carton et releva lentement la tête.

Mais soudain elle poussa un cri, se leva précipitamment, et recula…

L’homme qui pénétrait chez elle muni d’une clef, cet homme qui franchissait le seuil de sa chambre à coucher à quatre heures du matin, ce n’était point le duc de Château-Mailly.

C’était un inconnu !

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