Chapitre premier

En cette trente-troisième année du règne heureux de Ramsès XII, l’Égypte célébra deux fêtes qui emplirent ses habitants de fierté et d’allégresse.

Au mois de Mehir, c’est-à-dire en décembre, l’effigie du dieu Chons était rentrée à Thèbes, couverte de riches présents. Cette statue sacrée avait parcouru, durant trois ans et neuf mois, tout le pays de Buchten. Elle y avait guéri la fille du roi, Bent-Res, et chassé les mauvais esprits non seulement de la famille royale, mais aussi de la forteresse de Buchten. Au mois de Farmuti, qui correspond à février, le maître de la Haute et de la Basse Égypte, seigneur de Phénicie et de neuf autres pays, Mer-Amen Ramsès XII, après avoir consulté les dieux dont il est l’égal, avait désigné comme erpatrès, c’est-à-dire héritier du trône, son fils Cham-Semmerer-Amen-Ramsès.

Ce choix avait grandement réjoui les prêtres, les nomarques, l’armée, les paysans et tout ce qui vit en terre d’Égypte. En effet, les autres fils du pharaon, nés d’une princesse hittite, étaient, par une malédiction inexplicable, habités d’esprits mauvais. L’un d’entre eux, âgé de vingt-huit ans, ne pouvait plus marcher depuis sa majorité ; un autre s’était coupé les veines ; le troisième, trop amoureux des boissons capiteuses, avait sombré dans la folie et, se prenant pour un singe, passait ses journées perché au haut des arbres.

Au contraire, le quatrième fils, Ramsès, né de la fille de l’archiprêtre Amenhotèpe, Nikotris, était robuste comme le bœuf Apis, courageux comme un lion et sage comme les prêtres eux-mêmes. Depuis sa prime enfance, il aimait s’entourer de soldats et, alors qu’il n’était encore que prince, il avait coutume de dire :

– Si les dieux consentaient un jour à me faire pharaon, je conquerrais, comme Ramsès le Grand, neuf nations dont l’Égypte ignore jusqu’aux noms, je construirais un temple plus grand que Thèbes tout entière, et je me ferais élever une pyramide à côté de laquelle celle de Chéops serait pareille à un maigre buisson rampant sous un palmier géant !

Ayant finalement obtenu le titre envié d’erpatrès, le jeune prince demanda à son père de lui donner le commandement du fameux corps d’armée de Memphis. Ramsès XII, après avoir consulté les dieux, répondit qu’il accéderait à cette prière à condition que le jeune prince fasse la preuve de ses qualités de stratège. Un conseil fut réuni, sous la présidence du ministre de la Guerre, Herhor, archiprêtre d’Amon à Thèbes. L’assemblée décida qu’au cours du mois de juin le prince héritier rassemblerait dix régiments dispersés le long d’une ligne qui joint la ville de Memphis à celle de Pi-Uto, sur le golfe Sébennytique. Il conduirait cette armée, équipée et en ordre de bataille, vers l’est, vers la route qui conduit de Memphis à Chetem, aux frontières du désert d’Égypte. Pendant ce temps, le général Nitager, chef suprême des armées qui protègent l’Égypte de la perpétuelle menace asiatique, partirait des lacs Amers à la rencontre de l’héritier du trône. Les deux armées se heurteraient aux environs de la ville de Pi-Bailos, mais dans le désert, afin que les paysans ne soient pas troublés dans leur travail. Le jeune prince serait proclamé vainqueur s’il ne se laissait pas surprendre par l’ennemi et s’il réussissait à rassembler toutes ses troupes et à les mettre sur pied de guerre. Le ministre de la Guerre lui-même, Herhor, devait accompagner le jeune Ramsès et faire ensuite rapport au pharaon sur le déroulement des manœuvres.

Un canal d’irrigation et une route séparaient le désert des plaines fertiles de Gosen. Le canal courait de Memphis au lac Timrah, à travers la région cultivée, tandis que la route serpentait en bordure du désert.

À la mi-juin, la concentration des troupes était chose faite. Neuf régiments étaient rassemblés sur la route, à hauteur de Pi-Bailos, sous les ordres du prince héritier. Ils étaient munis de leur matériel de guerre et de tout leur équipement. Le prince lui-même avait pris le commandement ; il avait envoyé des éclaireurs afin d’éviter toute attaque par surprise, attaque toujours possible dans cette région parsemée de collines et de ravins. Il avait voulu se rendre compte lui-même de l’équipement de ses soldats, veillant à ce qu’ils aient de bonnes armes, des manteaux pour la nuit, de la viande et du poisson séché en abondance.

Les vieux généraux admiraient le zèle et la prudence du jeune prince et ils appréciaient sa simplicité. Il avait laissé sa Cour, ses litières et ses tentes à Memphis et allait à cheval d’un régiment à l’autre, habillé comme un simple officier. Grâce à tant d’activité, la concentration des troupes s’était déroulée sans retard.

Il n’en allait pas de même avec l’état-major du prince ; ni avec le régiment grec qui l’accompagnait. L’état-major, devant prendre le chemin le plus court, était parti de Memphis le dernier, avec un camp considérable. Chaque officier était suivi de sa litière portée par quatre esclaves noirs, de son char de guerre à deux roues, d’une tente somptueuse ainsi que d’innombrables caisses remplies de vêtements, de nourriture et de boissons. En outre, toute une troupe de chanteuses et de danseuses accompagnait les officiers dans ce déplacement, et chacune des femmes exigeait un char attelé de bœufs ainsi qu’une litière.

Lorsque cette foule sortit de Memphis, elle prît plus de place sur la route que l’armée du prince elle-même. De plus, elle avançait si lentement que les machines de guerre, placées en queue du convoi, partirent avec une journée de retard sur l’horaire prévu. Enfin, pour comble de malheur, les chanteuses et danseuses, dès qu’elles eurent aperçu le désert, furent prises de frayeur et, pour les calmer, il fallut s’arrêter pour la nuit plus tôt que d’ordinaire ; les tentes furent dressées et l’on donna une grande fête. Celle-ci plut tellement à toutes ces femmes, elles trouvèrent tant de charme à ces divertissements nocturnes sur un fond de désert sauvage, qu’elles déclarèrent ne plus vouloir se produire que dans le désert. Mais l’héritier du trône, ayant appris ce qui se passait dans son état-major, ordonna d’accélérer la marche et de renvoyer toutes les danseuses à Memphis.

Le ministre de la Guerre, Herhor, accompagnait l’état-major, mais en qualité de simple observateur. Il avait fait porter sa litière en tête de la colonne et il suivait le rythme de marche de cette dernière.

Herhor était un homme de quarante ans environ, robuste, de caractère renfermé. Il parlait peu et ne regardait guère les hommes dans les yeux. Comme tout Égyptien, il avait les bras, les jambes et la poitrine nus, et était chaussé de sandales. Il était vêtu d’une étoffe passée autour des reins et d’une sorte de petit tablier à raies blanches et bleues. En tant que prêtre, il portait sur l’épaule gauche une peau de panthère. Il se rasait la barbe et le crâne. En tant que soldat, il se coiffait d’un casque prolongé par un tissu recouvrant la nuque, étoffe également rayée de bleu et de blanc. Il portait au cou une triple chaîne d’or et tenait, sous le bras gauche, un glaive court enfoncé dans une gaine somptueuse.

La litière du ministre était constamment entourée par trois hommes. L’un d’entre eux portait l’éventail, un autre la masse, symbole du pouvoir, le troisième la boîte de papyrus. Ce dernier s’appelait Pentuer. Il était à la fois prêtre et scribe. Son visage était maigre et ascétique. Pentuer était issu du peuple, mais ses dons l’avaient porté à d’importantes fonctions.

Quoique le ministre marchât en tête de la colonne, il n’ignorait rien de ce qui se passait derrière lui. Toutes les heures environ, un soldat, un prêtre, quelquefois un esclave, s’approchait, comme distraitement, de la litière de Herhor et disait quelques mots à ce dernier. Parfois, Herhor inscrivait ce qu’il venait d’apprendre, mais la plupart du temps il le notait dans sa mémoire, qu’il avait prodigieuse. Personne ne prêtait attention à ce manège : les officiers, grands seigneurs, étaient trop préoccupés par leurs fonctions, leurs conversations ou leurs chants pour observer le ministre.

Le 15 juin, l’état-major de l’héritier du trône campa pour la nuit à une lieue du gros des troupes qui occupaient déjà leurs positions de combat le long de la route au-delà de Pi-Bailos. À l’aube, les collines du désert prirent des teintes violettes et le soleil apparut derrière elles. La terre de Gosen plongea dans un bain de lumière rose, et les villages, les temples, les palais des seigneurs, les masures des paysans semblaient autant de flammes allumées au milieu de la verdure. Bientôt, l’occident se fit d’or, et on eût dit que la verte terre de Gosen fondait dans une vapeur brillante, tandis que les canaux s’emplissaient d’argent fondu. Puis, les collines virèrent au mauve. Leur ombre noire faisait des taches sombres sur le sable clair du désert.

Les sentinelles postées le long de la route voyaient distinctement, au-delà du grand canal, les champs couverts de palmiers. Du lin poussait là, du blé aussi, et l’orge de la deuxième récolte mûrissait déjà. Des paysans sortaient des huttes disséminées entre les arbres ; ils avaient la peau cuivrée et ne portaient pour tout vêtement que le petit tablier égyptien. Les uns allèrent vers les canaux, qu’ils devaient nettoyer et d’où ils puisaient l’eau à l’aide de machines semblables aux balanciers des puits. D’autres se dispersèrent entre les arbres et commencèrent la cueillette des figues et des raisins. Des enfants couraient de tous côtés. Des femmes vêtues de chemises sans manches vaquaient à leurs besognes.

Cependant, la route se couvrait de soldats. Un groupe de cavaliers passa au galop ; il fut suivi d’un régiment d’archers, puis apparurent les frondeurs armés de glaives courts, et portant des sacs gonflés de projectiles. À cent pas derrière eux marchaient deux groupes de fantassins, le javelot ou la hache au poing. Ils portaient des boucliers ; leur poitrine était protégée par une sorte de cotte de mailles, et ils s’abritaient du soleil sous des casques garnis de tissu retombant sur les épaules. L’étoffe qui les habillait était bleue rayée de blanc, ou bien jaune rayée de noir, ce qui les rendait semblables à de grands frelons.

La litière du ministre, entourée de fantassins, suivait l’avant-garde. Derrière elle marchait le régiment grec, casqué de cuivre et couvert d’armures ; sa marche pesante faisait penser au marteau qui résonne dans la forge. Derrière les Grecs, on entendait le grincement des chars. Tout ce déploiement de troupes avançait dans la poussière dorée, écrasé par la chaleur ardente.

Soudain, un cavalier se détacha de l’avant-garde et alla avertir Herhor de l’arrivée du prince. Le ministre eut à peine le temps de quitter sa litière qu’un groupe d’hommes à cheval apparut sur la route. Ils descendirent de leurs montures et s’avancèrent vers Herhor qui vint à leur rencontre ; ils se saluèrent mutuellement à plusieurs reprises, tout en marchant.

– Sois le bienvenu, fils du pharaon, puisses-tu vivre éternellement ! dit le ministre.

– Sois le bienvenu, puisses-tu vivre longtemps, père vénéré ! répondit l’héritier du trône.

Puis, sans transition, il ajouta :

– Vous avancez comme si l’on vous avait scié les jambes. Et Nitager sera sur nous d’ici deux heures !

– Tu dis vrai. Ton état-major marche très lentement.

– Eunane m’a dit, Ramsès désigna un officier couvert d’amulettes, debout près de lui, Eunane m’a dit que vous n’avez pas envoyé de patrouilles dans les ravins ; pourtant, c’est de là que pourrait surgir l’ennemi en temps de guerre.

– Je ne suis pas ici pour commander mais pour observer, répondit calmement Herhor.

– Et que fait Patrocle ?

– Patrocle escorte les machines de guerre, avec les Grecs.

– Et Tutmosis, mon cousin et lieutenant ?

– Il paraît qu’il dort encore.

Ramsès frappa rageusement du pied et se tut. C’était un beau jeune homme au visage d’une douceur féminine ; la colère ajoutait encore à son charme. Il était vêtu d’une tunique à raies blanches et bleues et coiffé d’un casque aux mêmes couleurs. Il portait au cou une chaîne en or et sous le bras gauche un glaive à la poignée étincelante.

– Je crois, Eunane, dit le prince en s’adressant à l’officier, que toi seul veilles ici à mes intérêts !

L’officier couvert d’amulettes se prosterna jusqu’au sol.

– Tutmosis est un paresseux, dit le prince. Eunane, retourne à ton poste. Que l’avant-garde, au moins, ait un chef !

Puis, jetant un coup d’œil sur la suite qui l’entourait.

– Qu’on avance ma litière. Je suis épuisé.

– Les dieux connaissent donc la fatigue ? murmura derrière lui Eunane.

– Va donc rejoindre ton poste ! ordonna le prince.

– Ne veux-tu pas que j’aille patrouiller dans les ravins ? demanda l’officier à voix basse. Je t’en prie, donne-moi des ordres ! Partout où je me trouve, mon cœur t’est acquis. Je voudrais deviner tes moindres volontés…

– Je connais ton dévouement, répondit Ramsès. Va vite et veille à tout.

Eunane se tourna vers Herhor.

– Père vénéré, je me mets humblement à tes ordres, dit-il.

À peine Eunane fut-il parti qu’un grand tumulte s’éleva en queue de la colonne en marche. On ne parvenait pas à retrouver la litière du prince héritier. Soudain, bousculant les soldats grecs, apparut un jeune homme bizarrement accoutré. Il portait une chemise de fine mousseline, un tablier richement brodé, et une étoffe parsemée de fleurs d’or jetée sur l’épaule gauche. Mais ce qui rendait le personnage particulièrement insolite, c’était la perruque soigneusement frisée qui lui couvrait le crâne et la petite barbiche semblable à une queue de chat qui lui ornait le menton. C’était Tutmosis, l’homme le plus élégant de Memphis. Même en campagne il portait des vêtements fastueux et se frottait de parfums précieux.

– Salut à toi, Ramsès, s’écria-t-il en traversant le cercle d’officiers qui entourait le prince. Figure-toi que ta litière a disparu ; tu devras donc te résigner à monter dans la mienne, indigne de toi, certes, mais point trop inconfortable.

– Je suis irrité contre toi, coupa Ramsès. Tu dors au lieu de surveiller tes soldats.

– Comment, je dors ? s’indigna Tutmosis. Celui qui t’a dit cela mérite de perdre sa langue ! Sachant que tu arrivais, voilà une heure que je m’habille, que je me parfume, que je me baigne, pour t’accueillir dignement. Je t’ai d’ailleurs fait préparer un bain exquis !

– Et pendant ce temps, ton régiment avance sans son chef !

– Comment pourrais-je commander un régiment qu’accompagnent le ministre de la Guerre et un stratège comme Patrocle ?

Le prince se tut. Tutmosis s’approcha de lui et lui dit, à voix basse.

– De quoi as-tu l’air, fils de pharaon ? Tu es sans perruque, tes cheveux et tes vêtements, sont couverts de poussière, ta peau est noire et gercée… La reine mère te chasserait de sa Cour si elle te voyait dans cet état !…

– Je suis horriblement fatigué.

– Monte donc dans ma litière. Tu y trouveras des roses parfumées, des oiseaux rôtis et un cruchon de vin de Chypre. J’ai également réussi – il baissa la voix – à cacher Segura dans le camp…

– Elle y est vraiment ? demanda vivement le prince.

Ses yeux brillèrent un instant.

– Que l’armée continue sa marche, proposa Tutmosis. Nous attendrons Segura ici…

Mais Ramsès s’était ressaisi.

– Ne me tente pas ! Dans deux heures, ce sera la bataille, tu le sais bien…

– Mais il ne s’agit pas d’une vraie bataille !

– En tout cas, elle décidera de mon sort en tant que chef.

Tutmosis sourit.

– Ne prends pas tout cela trop au sérieux. Je gage que, hier déjà, le ministre de la guerre a envoyé un rapport favorable. Tu l’auras, ton corps d’armée !

– Peu importe. Aujourd’hui, les manœuvres doivent être mon unique souci.

– Je ne comprends pas cet attrait que tu éprouves pour la guerre : elle empêche de se laver pendant des mois, puis on s’y fait tuer… Quelle horreur ! Ah ! Si tu voulais revoir Segura ! Il suffirait que tu l’aies vue…

– C’est bien pourquoi je ne veux pas la voir, dit Ramsès avec décision.

On annonça la litière de Tutmosis. À ce moment, un cavalier arriva au galop. Il descendit rapidement de cheval et s’approcha en courant. Des amulettes dansaient sur sa poitrine. C’était Eunane ; il semblait fort agité. On l’entoura avec curiosité, ce qui, visiblement, lui fit plaisir.

– Erpatrès, mon seigneur ! Écoute-moi, s’écria-t-il en saluant Ramsès. Conformément à tes ordres, je me trouvais en tête de la colonne et j’observais la route lorsque j’aperçus devant nous deux splendides scarabées. Les deux insectes sacrés traversaient le chemin…

– Et alors ? interrompit Ramsès.

– Eh bien, continua Eunane, en regardant vers Herhor, nous avons, mes hommes et moi, rendu hommage aux animaux sacrés, ainsi que la religion l’ordonne, puis nous avons arrêté notre marche. En effet, c’est là un présage si important que nous n’avons pas osé marcher de l’avant sans avoir demandé des ordres.

– Je vois que tu es véritablement un pieux Égyptien, quoique tes traits soient ceux d’un Hittite, répondit Herhor.

Puis, s’adressant aux officiers :

– Nous ne continuerons pas par la route, car nous pourrions écraser les insectes sacrés. Pentuer, dis-moi, peut-on contourner la route en prenant par ce ravin ?

– Certes oui, répondit le scribe du ministre. Ce ravin est long d’une lieue et il débouche sur la route à hauteur de Pi-Bailos.

– Mais c’est une perte de temps énorme ! intervint le prince d’une voix irritée.

Sa suite attendait la décision avec une anxiété visible. Ramsès s’en aperçut et il s’adressa à Herhor :

– Quel est ton avis, père vénéré ?

– Regarde tes officiers et tu comprendras que tu dois prendre le ravin.

On vit alors le général grec, Patrocle, sortir du rang.

– Si tu permets, erpatrès, mes soldats continueront par la route. Eux ne craignent pas les scarabées !

– Tes soldats ne craignent même pas les tombes des rois, rétorqua Herhor. Pourtant, il ne doit pas y faire bon, car ceux qui ont tenté de les approcher n’en sont pas revenus.

Confus, le Grec s’effaça.

– Avoue, père vénéré, qu’un tel obstacle n’arrêterait même pas un âne, dit Ramsès d’une voix vibrante de colère.

– C’est bien pourquoi un âne ne sera jamais pharaon, répliqua calmement le ministre.

– Dans ce cas, tu conduiras toi-même l’armée par le ravin ! s’écria Ramsès. Je ne connais rien à la stratégie sacrée, et d’ailleurs je suis fatigué. Accompagne-moi, cousin, dit-il à Tutmosis.

Puis ils s’éloignèrent dans la direction des collines désertes.

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