II

CHLOÉ. – Je sais qu’un garçon doit « faire la noce », et je ne suis pas jalouse de tes anciennes maîtresses.

DAPHNIS. – Tu me permettras de t’en parler quelquefois. Pourquoi n’en es-tu pas jalouse ? Ton dédain me froisse. Je les ai aimées, ces femmes. Elles ont compté dans ma vie. Plusieurs étaient fort bien.

CHLOÉ. – Je veux dire qu’un jeune homme doit jeter sa gourme.

DAPHNIS. – Pourquoi ? Pourquoi ? s’il n’a pas d’humeur et s’éponge régulièrement la tête.

CHLOÉ. – Mais lequel des deux instruirait l’autre ?

DAPHNIS. – Souviens-toi d’Ève : ils achèteraient un serpent.

CHLOÉ. – Un mari vierge est ridicule, le nies-tu ?

DAPHNIS. – Ridicule, la propreté du cœur ! Où prenez-vous ce goût des hommes impurs ?

CHLOÉ. – Ils sont éprouvés.

DAPHNIS. – Ils n’ont que servi. Vous voulez être notre unique amour, et peu vous importe que nous ayons connu d’autres femmes avant vous.

CHLOÉ. – Tu oses me comparer…

DAPHNIS. – Il lui déplaisait, à elle aussi, d’être comparée.

CHLOÉ. – Qui ça, Elle ? je veux savoir tout de suite.

DAPHNIS. – Celle qui m’a le plus adouci mes devoirs de noceur.

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